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« Evitons de partager des images choquantes ! »

Il s’observe une propension à diffuser des images choquantes pour le public avec la prolifération des réseaux sociaux. Or, les messages de haine ne passent pas uniquement par le canal de la parole mais également par des images. Dans ce contexte, comment éviter qu’elles ne conduisent au pire. Onesphore Nibigira, journaliste et photojournaliste depuis 2010 nous éclaire.

De façon générale, que devons-nous comprendre par image ?

L’image est une représentation qui peut être visuelle ou mentale de quelque chose. Souvent quand on parle de l’image, on entend la photo, les tableaux, les films, la sculpture, etc.

Avec l’histoire douloureuse et récente du Burundi, comment est-ce que les images peuvent contribuer à la prolifération des messages de haine ?

D’abord tout image véhicule un message et puis ce message est différemment apprécié. Un sémioticien italien disait que le message n’est pas un paquet clos mais un paquet ouvert qu’on renouvelle à chaque transmission. C’est-à-dire qu’un message peut être transformé au gré de celui ou celle qui le transmet au point que le dernier récepteur aura une version complètement déformée. De la même manière, les images choquantes peuvent contribuer à la prolifération des messages de haine dans le sens où celui ou celle qui a vu par exemple l’image d’un cadavre d’un membre de sa famille, peut développer la haine et un esprit de vengeance.

Onesphore Nibigira: « Si des circonstances te conduisent à voir un cadavre, pourquoi prendre une photo ? Pour quel motif ? »

Est-ce que les images peuvent contribuer à la prolifération des messages de haines entre les composantes de la société Burundaise ?

Si tel ou tel autre voit une photo ou une vidéo choquante, il peut dresser les membres de sa famille contre ceux supposés être responsables de ce qu’il a vu sur la photo ou dans la vidéo. De la famille, cette haine peut s’élargir au clan, à la région, à l’ethnie, etc. Prenons l’exemple des restes humains qui sont déterrés par la CVR. Une ethnie, par le visionnage de ces images, peut estimer avoir été victime des événements douloureux du passé et développer le sentiment de haine. Et vous voyez ou cela peut conduire le pays.

Quelle devrait être l’attitude de celui ou celle qui reçoit une telle image ?

Avant de parler de l’attitude de celui ou celle qui reçoit une image choquante, parlons d’abord de ceux qui les envoient. Si des circonstances te conduisent à voir un cadavre, pourquoi prendre une photo ? Pour quel motif ? Si tu prends une photo pour l’envoyer à la police par exemple, cela est constructif. Si tu prends une photo choquante pour une éventuelle autopsie, là ça va. Mais pourquoi la partager dans des groupes WhatsApp ? Est-ce que les gens réalisent le ressenti des proches de la victime lorsqu’une telle image circule sur les réseaux sociaux ? Je conseillerai à toute personne de ne pas envoyer ou partager de telles images. A celui ou celle qui les reçoit, de les supprimer directement. Evitons de partager de partager les images choquantes tout simplement.

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