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Prêt-bourse, les étudiants vivent-ils mieux ?

Depuis bientôt 2 ans, le Gouvernement du Burundi a décidé d’accorder un prêt-bourse aux étudiants des universités publiques. Mais, leur quotidien s’est-il amélioré pour autant ? Reportage à l’Université du Burundi.

Avant, le gouvernement accordait une bourse mensuelle de 30 000 Fbu aux étudiants externes tandis que ceux qui étaient logés au campus ne recevaient que le tiers du montant. Depuis, tous les étudiants perçoivent un prêt-bourse de 60 000 Fbu par mois. Une somme qui leur est attribuée trimestriellement via la Poste. En cours de chemin, la somme est amputée des frais de tenue de comptes. Au final, l’étudiant « poilissime » touche autour de 57 000 Fbu.

Le train de vie des étudiants a-t-il changé ?

Aujourd’hui, plus ou moins 9 000 étudiants sont inscrits actuellement à l’Université du Burundi. 6500 d’entre-deux perçoivent le prêt-bourse alors qu’à peu près 2 900 (essentiellement du Bac+3) sont encore boursiers. Et seuls 2 000 « poilissimes » profitent de la gîte et du couvert du campus. Certains vivent dans les enceintes du campus mais vont manger ailleurs.

Gloriose Nibaruta, étudiante en Bac+2 dans la faculté des Sciences, option Mathématique, loue une chambre au campus Mutanga, elle est à peine dans les clous : « Je paie un loyer de 7 000 Fbu, et je dépense au quotidien 1 400 Fbu (2 repas par jour). Au total, la ration et le loyer me coûte 49 000 Fbu. Il me reste alors que 10 000 Fbu pour régler la facture d’autres besoins comme le savon, la dentifrice, les produits de beauté sans oublier les serviettes hygiéniques. » Et lorsqu’ il y une bonne quantité de syllabus de cours à photocopier, la fin du mois devient plus compliquée pour la jeune étudiante. Par ailleurs, les étudiants internes qui prennent leur repas au campus paient mensuellement 50 000 Fbu au service de la Régie des Œuvres Universitaires.

L’étudiant et l’art de la débrouille 

D’autre part, est-ce facile de vivre hors du campus avec un revenu mensuel de 57 mille FBu ? Les étudiants sont obligés de pratiquer ce qu’ils appellent « l’article 15 » (art de la débrouille) pour joindre les deux bouts du mois. Emmanuel Nahimana étudie en Bac+1 à l’IPA-Français. Il vit dans une petite maison de deux pièces avec 8 de ses condisciples. « Chacun donne plus ou moins 7 000 FBu de loyer et contribue à hauteur de 19 mille FBu pour la ration alimentaire », notifie Emmanuel. 

« Chaque mois, on choisit un gestionnaire de la ration commune qui tourne autour de 200 mille FBu. On doit aussi acheter de l’eau potable. Si je calcule bien, il me reste 5 mille FBu à la fin du mois. Mais il faut encore acheter du papier, sans parler des habits et d’autres choses dont l’étudiant a besoin. On se prive de ce qui n’est pas strictement nécessaire. La fin du mois est compliquée. Nous mangeons essentiellement de la pâte de maïs ou de manioc et des haricots, parce qu’ils sont moins chers. Rarement on mange du riz », conclura le jeune homme.

La promiscuité dans laquelle vivent les étudiants, ils s’en accommodent. L’austérité ? Passe encore. Un seul souhait : que le prêt-bourse soit toujours au rendez-vous !

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