Financée par l’Union Européenne au Burundi, la Fondation Hirondelle, en collaboration avec 10 médias partenaires burundais, a organisé ce 28 octobre 2022, un débat public en province Rumonge. Au cœur des discussions : les inquiétudes légitimes des parents et des élèves
Depuis 2021, 72 salles de classes ont été détruites par de fortes pluies mêlées de vents violents ainsi que la montée des eaux du lac Tanganyikaen commune Rumonge. Voilà le bilan annoncé par Timothée Ntaconayigize, journaliste à Izere FM et Ella Queen Nahinkamiye de l’Association des Femmes Journalistes du Burundi, tous journalistes animateurs de ce débat public présentant l’état des lieux des écoles endommagées.
Parmi les écoles fortement touchées par les effets du changement climatique à Rumonge : le lycée communal Iteba situé sur la colline surplombant le lac Tanganyika. « C’est le 17 septembre 2021 que cette école a été détruite par une forte pluie mêlée par de vents violent. 5 sur 15 salles de classes se sont écroulées », déplore Esperance Ntimpirangeza, directrice. Son établissement n’est pas la seule victime des intempéries. Six autres salles de classes de Mwika ont été détruites le 25 mai 2021. Des tôles, bancs pupitres, murs, documents scolaires ont été endommagés. Avec la montée des eaux du lac Tanganyika, « Alaska Basic School », une école privée, a complétement déménagé de ses locaux par crainte d’effondrement.
Apprentissage perturbé
Nombreuses sont les salles de classes non encore réhabilitées. Pour celles qui sont reconstruites, les travaux ne sont pas encore terminés : fenêtres et portes non fermées, poussière dans les rangées, car non cimentées, etc. Des cas d’absences et d’abandons s’observent à cause du manque de salles de classes. « Certains élèves suivent mal les cours par crainte de la pluie », se lamente Esperance Ntimpirangeza.
Nduwimana Landry, doyen au lycée communal Urbain de Rumonge, confirme : « Nous avons peur d’aller en classe. Quand le ciel est nuageux, nous commençons par penser où nous cacher. »
Estella Nifasha du lycée Rumonge étudie à l’école construite en dur. Elle témoigne de ce qu’elle a vu à l’Ecofo Rumonge. « Des élèves ont été blessés par des tôles emportées par le vent violent. »
???? Un rapport présenté par Timothée Ntaconayigize, journaliste à @radio_izerefm, fait état de 72 salles de classes détruites en commune #Rumonge depuis 2021 par de fortes pluies mêlées de vents violents et la montée des eaux du lac #Tanganyika #Burundi pic.twitter.com/IFOyy4dTA9
— Jimbere (@JimbereMag) October 30, 2022
Écoles mal construites, le maillon faible
Ce n’est pas une surprise : Jean Marie Niyoyangabiye conseiller du directeur provincial de l’enseignement, déplore que les écoles communautaires construites en matériaux non durables et en l’absence des conseils d’ingénieurs soient les plus touchées.
Et de préciser : « Le ministère de l’Éducation a élaboré un plan qui montre la façon dont les écoles actuelles doivent être construites. Ceux qui viennent demander la permission de construire doivent s’y conformer. »
Jean Zikiriza, ingénieur communal de Rumonge, souligne qu’auparavant, la commune de Rumonge ne disposait pas d’un ingénieur communal qui pouvait suivre les travaux de construction des biens publics. Résultat : l’anarchie. « Or, il devrait y avoir une étude du sol, surtout dans les zones humides. »
Aujourd’hui il se réjouit de l’arrivée d’un ingénieur communal : les écoles actuellement construites sont résistantes et durables.
De son côté, Obede Ntineshwa responsable de l’office burundais pour la protection de l’environnement à Rumonge, a rappelé que les changements climatiques sont dus à la destruction de l’environnement : la déforestation, l’absence des courbes de niveau sur les collines, etc.
Les voies de sortie ? Le responsable souligne que la protection de l’environnement accompagnée de la plantation d’arbres en milieu scolaire, le creusage de courbes de niveau sur les collines et la construction d’écoles en dur sont les solutions à privilégier.
Ce débat a été réalisé dans le cadre du projet ‘renforcement des Médias burundais pour soutenir la cohésion sociale, la prévention de la violence et la promotion du dialogue sociale’ mis en œuvre par la Fondation Hirondelle.
