La covid-19 s’est invité au moment où le domaine culturel burundais essayait tant bien que mal de se faire vendre dans un monde de plus en plus globalisé. Les intéressés estiment qu’il sera difficile de remettre tout sur les rails.
Dans le monde, la Covid-19 a occasionné une hécatombe sidérante jamais assistée dans le domaine de la culture. Au Burundi, aucune étude exhaustive ne permet d’analyser précisément les effets directs ou indirects de la crise sanitaire sur le secteur. Tout de même, les amateurs burundais de l’art et de la culture ont entendu, la mort dans l’âme, les rendez-vous majeurs de musique, théâtre ou danse, être annulés. Stratégie de lutte contre la Covid-19 oblige.
L’IFB, carrefour majeur où se déroulent la plupart des évènements culturels dans la capitale économique, a dû suspendre toutes ces activités culturelles mi-mars pour rouvrir les portes au mois d’octobre dernier. Des concerts annuels comme Buja Lol, Thanksgiving et tant d’autres qui n’ont pas eu lieu.
Pour Blaise Rasko Ikoriciza, CEO de Now Créative, une boite réputée dans l’évènementiel burundais, la perte occasionnée par cette crise est inestimable. « Trop de concerts et beaucoup de voyages pour lesquels on avait déjà déboursé les frais de voyage annulés. » Par ailleurs, la chanteuse Bernice the Bell révèle que cette situation a mis à nu la triste réalité de la condition des artistes au Burundi, tant les problèmes auxquels ils font face sont nombreux : absence d’assurance-maladie, impossibilité de contracter de crédit sans revenu stable … Les mêmes interrogations sont partagées par Alain Nova Irambona, à la tête de l’association des journalistes culturels, qui suggère la mise en place d’un fonds national d’appui à la culture pour palier à de telles crises, comme il est d’usage ailleurs.
Le digital comme solution
Même si la Covid-19 a terrassé le monde entier au cours de cette année, des stratégies de riposte ont quand même été mises en œuvre. Chez les artistes burundais, l’internet, l’option la plus exploitée. Les uns par instinct de survie, les autres, pour redonner un brin d’espoir à leurs supporters qui étaient confinés un peu partout sur le globe.
Au Burundi, la chanteuse Bernice the Bell a été la première à entrevoir dans le virtuel une opportunité à exploiter. Celle-ci inaugurait le 25 avril de cette année une série des concerts lives initiée par le Collectif de blogueurs Yaga Burundi. Elle sera rejointe plus tard par le VAB, (Visage Artistique du Burundi), le bluesman Yves Kami, et d’autres.
Quid de l’art ? Samantha M. Inarukundo. CEO de 257arts Gallery : « Nous prévoyions de faire une exposition pour chaque mois de 2020, mais la crise ne l’a pas permis. On s’est retrouvés dans l’obligation de rectifier le tir avec les expositions virtuelles. « A Deux » a été la première exposition en ligne avec les tableaux de l’artiste Pacifique Ndayiheke. Par après, d’autres ont suivi. »
Une option certes profitable mais bien onéreuse
Rasko trouve que si l’option de recourir au web a été la plus exploitée, elle n’est pas sans inconvénients : « Au dépourvu des sponsors, se produire virtuellement n’est pas du tout la plus rentable des expériences. Il n’y a pas de moyens pour réaliser de retour sur investissement. »
Et Bernice The Bell de revenir sur les quelques difficultés techniques qui émaillent le plus souvent ce genre de concert : « La majorité des Burundais n’ont pas de support technique pour suivre tout un concert en ligne, acheter de forfait internet pour cela, est le cadet de leurs soucis ». Quant à l’ambiance ? « Evidemment que c’est différent de performer en public, ça demande un effort de plus sans la chaleur de la salle, ni les hourras du public, ça donne le goût âpre des répétitions, mais on devrait s’y faire. »
Pour ce qui est de la lutte contre la Covid-19, des artistes comme Sat-B, Kidum ou Natacha, ont produit des chansons de sensibilisation au respect des gestes barrières en solo ou en collaboration.