Les mesures de prévention de la pandémie ne sont pas respectées en milieu scolaire. La faute au manque de moyens financiers et à la pléthore d’élèves dans les salles de classe. Jimbere vous fait le topo.
Dans la capitale économique, la situation est supportable. Bien que la distanciation ne soit possible que dans les écoles d’excellence, les autres établissements scolaires ont peu souffert du manque d’eau et d’infrastructures contrairement au reste des régions scolaires. « La pandémie nous a conditionné à installer d’autres robinets. La Croix-Rouge a fait don des seaux et des savons suffisants qui se sont ajoutés à ceux que l’établissement avait prévus », indique Pierre-Claver Ndihokubwayo, le Directeur du Lycée du lac Tanganyika. Même à défaut des dons, soutient-il, l’établissement est capable de supporter le coup. Et de marteler que seule la distanciation semble être impossible à appliquer suite aux effectifs dans les salles de classe.
A l’école d’excellence de Ngagara, le respect des mesures est assuré, au maximum. Tharcisse Bendantokira, le Directeur : « Nos effectifs restent relativement gérables, et les salles de classes suffisamment vastes. Ceci nous permet de respecter la distance exigée entre pupitres. » Selon lui, seule la facture de l’eau a augmenté. Toutefois, précise-t-il, l’école parvient à payer chaque fois à temps.
Le manque d’eau potable affecte le centre et le nord
Gitega, la capitale politique, parmi les provinces les plus touchées. Situées dans la même localité, sur la colline Mushasha, plusieurs écoles souffrent d’un manque d’eau potable. Du coup, les élèves parcourent plus de 2km pour en trouver. Bien plus, le nombre réduit des robinets publics aggrave la situation, causant bagarres entre élèves et population locale, ce qui entache la cohabitation.
Dans ces conditions, estiment les directeurs de ces écoles, il est pratiquement impossible de respecter les mesures d’hygiène tant l’eau y est perçue comme une denrée rare. « L’école ne peut pas supporter le coût de l’eau pour faire respecter les mesures hygiéniques. Elle parvient à peine à trouver l’eau pour les lieux d’aisance. » Les élèves qui tiennent absolument au respect de ces mesures voient leur rendement en cours chuter, cette situation ayant affecté considérablement la concentration et l’assimilation lors de la révision.
Au nord du pays, à Muyinga précisément, les mesures d’hygiène ont été adoptées. Les dispositifs d’hygiène sont installés au niveau de toutes les écoles, bien qu’ils soient en quantité insuffisante, ce qui fait que les cours démarrent tardivement à cause de la queue pour se laver les mains. Chaque élève se présente à l’école avec un petit bidon d’eau parce que certaines écoles ne disposent pas d’une alimentation en eau. Pire, certaines écoles peinent à acheter des savons.
L’ouest et l’est partagent les mêmes réalités
Alors que les écoles de Gitega souffrent d’un manque d’eau, celles de Cibitoke accusent un manque de pupitres et de salles de classe. « Les élèves s’asseyent même à 10 sur un même banc. On trouve souvent moins de 10 pupitres dans une classe de 100 élèves. Pour pouvoir mettre les élèves dans des conditions d’apprentissage favorable, la direction provinciale a besoin de plus de 40.000 pupitres et de 12.000 salles de classe », informe Jean Bosco Nibigira, Directeur provincial.
A Ruyigi, la réalité est similaire. Les infrastructures scolaires se trouvent dans un piètre état et nécessite une réhabilitation, souligne Donatien Ntibarufata, Directeur communal de Gisuru. Toutefois, les dispositifs d’hygiène ont été installés dans toutes les écoles même, s’ils ne sont pas suffisants.
Signalons que dans la perspective de faire de l’école un milieu sûr pour les enfants, l’UNICEF Burundi, l’un des principaux partenaires du Ministère de l’Education, a distribué des dispositifs de lavage des mains dans 164 écoles regroupant plus de 55.000 enfants. 5.000 affiches ,10.000 dépliants et 1.000 bâches de messages-clés sur la Covid-19 ont été acheminées dans les 118 DCE du pays afin de mieux sensibiliser les élèves et les éducateurs.