Dans un article du 8 avril, on vous parlait des avantages de l’apprentissage en ligne, en matière de développement dans les TICE. Cette fois, avec des confidences des élèves et étudiants contraints de regagner le bercail suite à la pandémie qui fait la une mondiale, certaines difficultés sont élucidées face à la stratégie optée pour continuer les programmes scolaire et académique.
L’apprentissage en ligne est pratiquement l’unique moyen de garder la cadence. C’est d’ailleurs, l’option que propose l’UNESCO, pour ne pas tout arrêter durant cette crise mondiale, d’autant plus que le déconfinement et la réouverture des frontières ne sont pas éminemment envisagés. Cependant, aussi loin, il n’est pas toujours facile de rester dans le bain académique. Les jeunes élèves et étudiants burundais se retrouvent confrontés à diverses contraintes.
Romaric Iradukunda, jeune étudiant en Chine, rentré bien avant le confinement dans le « pays du Milieu », en fait part. « D’abord, je n’étais pas habitué à apprendre en ligne, moi qui fais ma première année universitaire. A l’exception de mes recherches pour les devoirs, je n’avais jamais expérimenté la méthodologie. Puis, du Burundi à la Chine, il y’a un décalage horaire de 6h, et nous sommes obligés de se conformer à leur fuseau horaire pour suivre les cours en direct avec les autres. Dans le cas contraire, ils nous laissent des vidéos pour devoir suivre les cours dans notre temps propice. Mais cela n’est en aucun cas efficace. Ce n’est pas comme si on était en classe. »
Bien plus, Iradukunda évoque la connexion du pays, qui, des fois constitue un frein. « L ‘internet à haut débit et illimité n’est pas un acquis au Burundi. Un autre défi majeur. »
Le manque de concentration et d’encadrement pour les plus jeunes
Pour les jeunes élèves qui étudient de l’autre côté de la Kanyaru, des syllabus leur ont été transférés via des liens, pour qu’ils puissent continuer, sous l’encadrement des parents, avec les programmes scolaires.
Bénit Bugabo, élève dans une école des sœurs à Butare, évoque le manque de concentration, bien encore, les moyens limités pour bien étudier. « Tout d’abord, les liens ont été transférés dans un groupe WhatsApp des parents, dans lequel bien évidemment tous les élèves ne sont pas représentés. De ma part, j’ai eu connaissance de cette stratégie, que deux semaines après. Et puis, je ne dispose pas d’un ordinateur en permanence. Je profite de celui de mon grand frère qui rentre de son travail, le soir. La concentration, je n’en parle même pas … »
Bugabo évoque également l’incompréhension de la matière, non expliqué par un professeur. « Je ne peux pas m’aventurer loin dans la matière, alors que je n’ai pas quelqu’un pour m’ expliquer. Dans ma section, les cours qui dominent sont la chimie, l’économie et les maths. Vous pouvez plus que moi comprendre que je ne peux pas m’aventurer dans l’autodidaxie. »
Les parents mal au point
Claudine Mukunzi, mère d’un jeune élève qui suit également ses études au Rwanda, se retrouve faible face à la situation de son fils. « Il est vrai que le choix opéré pour que les enfants suivent les cours à la maison est un plan B très positif. Cependant, certains parents sont incapables d’assurer le suivi des enfants. Personnellement, l’anglais ne diffère pas de loin du chinois. Je n’y comprends rien. Or, tous les cours sont dans cette langue de Shakespeare. Je ne peux alors pas l’appuyer. Bien plus, nos enfants, de par leur jeune âge, se considèrent comme en vacances, et ne peuvent pas se concentrer, même si on leur paie des professeurs sur place pour le renforcement, lesquels professeurs nous doutons même de leur capacité, vu qu’ils sont eux même plus francophones que nous. »
Mukunzi s’inquiète alors du rendement des jeunes burundais, une fois au retour dans les murs des classes, après plusieurs jours au chômage forcé …