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Climat des affaires au Burundi, entre satisfaction et inquiétudes

L’année 2023 aura connu des avancées significatives dans la création d’entreprises au Burundi et l’octroi des avantages conformément au code d’investissement. Pour autant, est-ce un signe d’une croissance économique ? Le point.

Le dernier rapport de l’agence de développement du Burundi (ADB) est on ne peut plus clair : 7366 entreprises ont été immatriculées au cours de l’année 2023 contre 2768 en 2022. Plus de 26.000 emplois avaient été déclarés par ces entreprises immatriculées contre 17.057 en 2022.

De plus, 83 certificats d’éligibilité aux avantages du code d’investissement ont été octroyés aux nouveaux projets d’investissement contre 52 décernés au cours du premier semestre de l’année budgétaire 2022-2023.

En comparant ces chiffres à ceux de l’année précédente, Didace Ngendakumana, directeur général de l’ADB, lors de la présentation des réalisations de son agence, le 29 janvier dernier à l’hôtel Roca Golf, pour le premier semestre de l’année budgétaire 2023-2024, a expliqué qu’il s’agit d’un pas considérable franchi dans le monde des affaires burundais.

Revenant sur la détermination de son agence dans l’amélioration du climat des affaires, particulièrement l’attraction des investisseurs étrangers, M. Ngendakumana s’est félicité de l’amélioration du climat des affaires et dit s’attendre au développement économique suite à la création de ces entreprises.

Climat des affaires au Burundi et inquiétudes

 « Le nombre d’entreprises ayant été immatriculées et les certificats octroyés est signe d’un bon climat des affaires au Burundi et un pas considérable vers le développement », s’est-il félicité.

Certes ces chiffres sont encourageants mais des inquiétudes s’observent quant à la multiplicité des sociétés de production alors que le pays n’enregistre pas une avancée tangible en matière d’exportation sans oublier des exonérations octroyées aux sociétés déjà fortunées.

Bien plus, fait remarquer Gilbert Niyongabo, économiste et enseignant à l’université du Burundi,  le bon climat des affaires ne s’évalue pas sous une ou deux aspects : « Le bon climat des affaires ne se traduit pas seulement par la création des entreprises, mais encore faut-il s’assurer de leur fonctionnalité efficace. »

Et de rappeler le rapport Doing business de 2020, la place Burundi qu’occupait sur 190 pays :

 IndicateursScoreRang
1Création d’entreprise92.9%44ème
2Octroi des permis de construire55%161
3Accès à l’électricité26.4%184
4Accès au crédit15%176
5Protection des investisseurs34%143
6Paiement des taxes60%140
7Commerce transfrontalier47.3%169
8Exécution des contrats43%158
9Résolution de l’insolvabilité30.6%147

A côté de ces indicateurs du Doing business, le professeur soulève d’autres indicateurs déterminants dans le bon climat d’affaires du Burundi. Il s’agit notamment de la stabilité politique, de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption, et de la transparence dans l’octroi des marchés publics.

Ces indicateurs, souligne-t-il, sont des éléments incontestables dont les investisseurs étrangers tiennent compte pour investir dans un pays.

Des exonérations un autre bon signe ?

Toujours dans le cadre de la promotion d’un bon climat des affaires, le code d’investissement prévoit des exonérations vis-à-vis de certains projets. Dans son article 15, le code d’investissement burundais garantit des exonérations sur différentes phases de la mise en œuvre du projet, notamment l’acquisition du terrain, la construction, l’équipement et l’exploitation. C’est bien évidemment pour cette cause qu’on octroie des certificats d’éligibilité aux avantages du code d’investissement.

Cependant, ces exonérations supposent des conditions sine qua non pour en bénéficier. Tel que le décrit l’article 14 alinéa 3, ces projets doivent être d’un montant de 500.000 dollars pour les investisseurs étrangers et d’un montant équivalent en Francs burundais pour les investisseurs burundais œuvrant en mairie de Bujumbura, tandis que cette somme se réduit de moitié pour les investisseurs d’autres localités du pays.

Selon Gilbert Niyongabo, ces exonérations sont loin d’être efficaces vu qu’elles ciblent des projets d’investissement budgétivores. D’après lui, ce sont les grands contribuables qui bénéficient des avantages au moment où l’économie nationale doit en grande partie sa contribution aux recettes fiscales des micros contribuables, vu qu’ils sont plus nombreux et opérant que les premiers.  

Nécessaire amplification des efforts

La création des entreprises doit s’accompagner de bons résultats tant pour la vie de la même entreprise mais aussi pour l’économie du pays d’autant plus qu’une entreprise, lors de sa candidature pour l’immatriculation, déclare le montant du capital de démarrage qu’elle détient et le nombre d’emplois qu’elle compte créer.

A ces inquiétudes le Directeur Général de l’ADB déplore l’insuffisance des ressources humaines et financières pour s’acquitter de cette tâche combien utile. « Avec nos moyens limités moyens, nous ne pouvons qu’inspecter les entreprises ayant bénéficié des avantages du code d’investissement », se désole-t-il.

Quant à l’économiste Gilbert Ngendakumana, au-delà de l’enregistrement de nouvelles entreprises, une suivie constante devrait être mise en œuvre afin que toutes les promesses faites par ces nouvelles entreprises soient une réalité : « Cela profiterai à l’agence de connaître la vie des entreprises afin d’octroyer des exonérations à ceux qui connaissent des difficultés. »

Cela étant, la collaboration entre l’ADB et l’Office burundais des recettes est d’une importance capitale pour faire preuve de la part des bénéficiaires des exonérations dans l’économie nationale, conclut-il.

Article rédigé par Elysée Niyontoranwa, étudiant de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines du Département de Journalisme et Communication à l’Université du Burundi, en stage au sein du Magazine Jimbere.

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