Sur les lisières de la Kibira, du côté de la commune Muramvya, s’érige vivant et fier le site Busekera des Batwa. L’organisation de la localité lui a valu une grande réputation, qu’a testé ce 24/12/2019 une équipe de jeunes volontaires avec les célébrations de Noël.
Les jeunes amis des enfants dont Chancelle Bamuhaye s’étaient fixés l’objectif de fêter Noël avec les enfants du site Busekera. Ni le froid des coins frontaliers de la Kibira, ni la brume laissant à peine entrevoir la route ne les ont empêchés de rejoindre la salle de la garderie des enfants ayant abrité les festivités.
La communauté du site de Busekera d’environ 400 personnes a de quoi être fière : une voie bien tracée sépare les maisons en briques cuites rangées en parallèle et numérotées. Chacune a des latrines.
Busekera n’a rien à voir avec les autres communautés des Batwa marginalisées.
Une organisation rodée
Tous les enfants en âge de scolarité fréquentent les différentes écoles publiques de Bugarama avec l’encouragement et la bénédiction de l’administration de base. Mais encore, pour permettre aux élèves de bien réviser les cours, les habitants de Busekera ont construit deux salles qui jouent le rôle de garderie le matin et de renforcement le soir grâce à l’appui de l’ambassade France.
Un jeune bénévole de la localité vient régulièrement aider les élèves à revoir la matière apprise.
Pour ne jamais oublier leurs anciennes pratiques, trois huttes ont été aménagées pour montrer aux visiteurs à quoi ressemblaient leurs anciennes habitations. Une autre petite maison contient les pots, les vases et les sculptures des artistes du site. Un message clair: pas question de se défaire de la culture ancestrale et la tradition en poterie.
Derrière le succès, un homme dévoué : Jean Baragenza
Tout a commencé en 2006 quand les habitants du site ont été accusés de détruire la Kibira. Un projet, « Action Batwa » des Pères Missionnaires catholiques est mis sur pied pour leur construire des habitations décentes. On les dote également de chèvres pour l’élevage. Jean Baragenza, chef du site de Busekera prend ensuite les choses en mains.
Son objectif: faire en sorte que la vie dans la localité ressemble à n’importe quelle autre communauté burundaise. Il commence par créer l’association ‘’Tubenkabandi ‘’ (Soyons comme les autres) pour protéger la Kibira. Et pour mener à bien sa mission, il emprunte des terres arables à l’Etat pour que les Batwa puissent cultiver et nourrir leurs familles twa.
Face aux accusations de vente des tôles des maisons construites au profit des Batwa, Baragenza veille personnellement à l’entretien de chaque maison et n’hésite pas à demander un coup de main du chef de poste de la police du coin: « Nos enfants doivent s’intégrer dans la société, devenir des citoyens modèles. Nos parents vivaient de la chasse et de la poterie. Ils dansaient chaque soir. C’était une belle vie, qui n’est plus possible aujourd’hui. C’est pourquoi je m’investis dans l’éducation de chaque enfant, mais une éducation respectueuse de notre culture. Pour y arriver il faut de la rigueur».
Et c’est grâce au plaidoyer de ce quinquagénaire qui n’a jamais mis les pieds à l’école que les enfants du site Busekera vont tous à l’école et bénéficient des cours du soir dans des salles bien éclairées par une plaque solaire. Prochaine étape: construction d’un Centre de Santé.
Néanmoins, le manque de propriétés foncières propres aux Twa reste un problème qui préoccupe toujours M. Baragenza.
Un article rédigé par Kathia Gretta Irankunda dans le cadre du stage au sein du Magazine Jimbere comme ancienne du programme « Enfants journalistes » de l’UNICEF Burundi.