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Université de Ngozi : 20 ans après, quel bilan ?

Elle fut créée en 1999, au sortir de la crise civile. Une initiative des natifs et amis de la province Ngozi, et la toute première université privée du pays. Jusqu’à ce jour, plus de 25 000 étudiants l’ont fréquentée. 20 ans qui ont vu l’institution universitaire s’affirmer comme une des grands pôles de formation académique au Burundi. Rencontre avec Apollinaire Bangayimbaga, Recteur de l’université.

On peut louer sa part dans le développement de l’enseignement supérieur au Burundi. Mais sa création n’a pas été une sinécure, il a fallu un grain d’imagination et surtout un grand sens de citoyenneté. Le Recteur Apollinaire Bangayimbaga confie : « On est en 1999. Le Burundi retrouve de plus en plus une accalmie par rapport à l’intensité de la crise civile de 1993, l’espoir reprend nonchalamment, un accroissement important des effectifs des lauréats de l’école secondaire s’observe. La seule et unique université du Burundi compte alors 7 000 étudiants pour 4 000 places. L’enseignement supérieur se retrouve confronté à 2 urgences : d’une part, désengorger l’université du Burundi, et de l’autre, offrir aux jeunes burundais convoités par les groupes armés, un moyen d’échapper à la violence, en leur permettant de continuer à étudier loin de la capitale Bujumbura, le noyau du conflit. Et comme la guerre est surtout fruit de certains hommes politiques qui abusent de la jeunesse désœuvrée et sans formation, on voulait combattre l’ignorance afin de réduire, pourquoi ne pas mettre fin à l’hémorragie des jeunes qui regagnaient le maquis. C’est ce contexte qui justifie la création de l’Université de Ngozi, dans un pays qui comptait 3 étudiants pour 1 000 habitants lors de sa mise au pied.»

Un moteur de développement communautaire à travers la recherche et l’innovation

Voulant rapidement assumer son rôle, associant un arsenal de professeurs, d’étudiants et de partenaires locaux et internationaux, l’Université de Ngozi a par exemple mis sur pied en 1999 le Cerader (Centre de Recherche sur l’agriculture et pour le développement rural) qui propose une gamme de services au profit de la communauté à dominance agro- rurale de Ngozi. Des recherches variétales sur le riz, les cultures fruitières, l’optimisation de l’apiculture et la production du miel, la recherche-action sur le café, et l’instauration d’un laboratoire de contrôle de la qualité des semences et d’analyse des produits agroalimentaires.

Ses recherches en riziculture consistent à effectuer des essais afin de produire et de distribuer le riz le mieux adapté à l’altitude de la région naturelle de Buyenzi (et une partie de Bugesera) très touchée par des crises répétitives de famine. Le Cerader appuyé par la Coopération technique belge (CTB) via le projet PADAP, réalise ses essais dans les marais de la province de Kirundo.

Fidèle à sa mission de Paix, Réconciliation et Développement, l’université a également créé d’autres Centres de recherche qui ne sont plus malheureusement fonctionnels aujourd’hui. On citerait à titre d’exemple le Centre de recherche en sciences juridique et économique, le Centre médical universitaire et le Centre de recherche en linguistique computationnelle avec pour mission, le renforcement et l’utilisation des langues locales comme le kirundi et le swahili grâce à l’usage des nouvelles technologies. Au crédit l’université de Ngozi il faut aussi ajouter qu’elle a été un des acteurs importants dans le développement de la province en attirant une partie importante de la population jeune, consommatrice et active.

Le prix de l’ambition

Aux grandes ambitions correspondent des grands défis. Bujumbura à lui seul monopolise le gros des enseignants universitaires. L’université de Ngozi a dû faire face au manque de professeurs qui rechignaient à prendre la route vers le nord. Ce défi demeure jusqu’à maintenant, mais l’université compose avec ce handicap lié à sa situation géographique.
« Ce problème se manifeste surtout dans la faculté de médecine où les étudiants sont obligés de regagner la capitale à la fin de la troisième année à la quête des médecins spécialistes et des hôpitaux capables d’encadrer d’une manière satisfaisante leurs stages académiques. On compte apporter une solution pérenne à ce problème dans l’avenir », ambitionne le Recteur de l’université
A ce jour, l’université de Ngozi compte un peu plus de 2 000 étudiants et compte les facultés et instituts de médecine, droit, agronomie, interprétariat-traduction, sciences économiques et de gestion, sciences et technologies et sciences de la santé.

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