Certains écoliers mineurs arrivent à associer les activités génératrices de revenus à la vie scolaire. Qu’en est-il de leurs résultats ?
Nous sommes un mercredi soir, dans le quartier Kibenga. Un enfant de 11 ans vend des arachides avec un air fatigué. « Ma maitresse nous a laissé un DAD compliqué, et je vais devoir copier sur mes camarades suite au manque du temps. » Confie l’élève de l’Ecofo Kinindo. En effet, le lendemain, lorsque nous sommes passés à l’école, nous avons rencontré d’autres écoliers mineurs qui partagent les mêmes problèmes. Bien que les effectifs exacts des écoliers mineurs travailleurs soient méconnus, ces enfants qui ont accepté de se confier exercent des métiers d’extraction de carrières, des petits commerces d’arachides ou d’œufs dans les bars, etc.
Pédagogiquement, la situation est dérangeante
Au niveau pédagogique, l’impact est négatif pour ces travailleurs mineurs comme l’indique la maitresse responsable de l’Ecofo de Kinindo, Caritas Hakizimana « Leurs résultats sont loin d’être satisfaisants suite aux absences répétitives, aux difficultés de concentration, aux difficultés de faire les devoirs à domicile, ….. Pour pallier ce problème, nous faisons appel aux parents, mais peu y répondent favorablement. Souvent, ce sont les tuteurs ou les parents qui envoient leurs enfants générer de l’argent. »
Par ailleurs, des cas de vols se font remarquer chez ces écoliers travailleurs, ce que Janvier Kwizera, psychopédagogue, explique en ces termes: « Suite à leur faible capacité de gérer deux situations différentes, entre autres, les activités génératrices de revenus et les études, l’enfant travailleur accorde une plus grande importance à l’argent. Il ne peut plus supporter la situation de vivre sans argent, d’où il développe des comportements de vols. »
Le travail des enfants est réglementé
En matière de la Loi du travail au Burundi, il est considéré comme enfant quelqu’un de moins de 16 ans. Et le travail des enfants est réglementé. Explications.
Se penchant sur le Code du travail en vigueur, article 278 et 279, stipulant qu’un enfant de 14 ans peut être un apprenti, autorisé à faire des travaux légers. « A 15 ans, sous réserve que l’enfant ne soit pas inscrit à l’école fondamentale, il peut signer un contrat de travail. Nous attendons à ce titre une ordonnance du Ministre ayant le Travail dans ses attributions qui va prévoir les modalités pratiques de l’exercice de cette exception. »
Et que même les enfants de 16 ans, quand bien même, qu’ils peuvent signer des contrats de travail, qu’ils ne peuvent pas effectuer des travaux dangereux. Maître Rodrigue Majambere, juriste, spécialiste en droit de travail, indique, que par rapport à la situation de ces enfants mineurs ci-haut, que cela relève beaucoup plus de l’exploitation et cela n’a rien à voir avec l’organisation du travail, tel que cela résulte du code du 24 novembre 2020.
Rendre l’école obligatoire
David Ninganza, directeur du programme de protection de l’enfant au sein de SOJPAE, suggère l’école obligatoire. « Au Burundi, l’école primaire est gratuite mais il y a des manquements parce que l’école n’est pas obligatoire, et par conséquent, l’enfant peut se permettre de s’absenter. Dans certains pays, il y a l’âge scolaire obligatoire minimum qui permet de ne pas faire travailler un mineur. »
Pour Ninganza, les différents comités devraient jouer un grand rôle pour relever ces défis : « Au niveau local, des comités pour la protection des droits de l’enfant devraient faire des réunions avec les élus locaux pour dénoncer des cas de travail des écoliers mineurs ». Et ajoute, qu’un comité de gestion de l’école, réunissant les élèves et le personnel éducatif, dirigé par le comité des parents, devrait prévenir des parents de sanctions lors des assemblées générales trimestrielles.