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Bujumbura : quand les slogans politiques font le lit à la polarisation sociale

La manipulation politique à travers des messages polarisants enflamme la fièvre électorale

De triste mémoire, certains habitants de la zone Ruyaga, en commune Kanyosha, de la province Bujumbura regrette la détérioration des rapports sociaux et ses corollaires engendrés occasionnellement par les propagandes politiques durant la période électorale. A la veille des scrutins de 2025 et 2027, l’éveil des consciences est un impératif…

Les souvenirs sont encore frais dans la mémoire collective : la période électorale affecte sensiblement le climat social. La fièvre électorale alimentée par des discours virulents intoxique la communauté. Antoinette* (40 ans), habitant la colline Birwa, de la zone Ruyaga dit avoir compris les tenants et les aboutissants de ce malaise : « À chaque fois que les scrutins approchent, les politiciens ne ratent jamais l’occasion de nous diviser sur divers aspects en usant des messages empreints de zizanie, et nous laisser se quereller pour assouvir leurs intérêts personnels aux dépens des nôtres. »

La redoutable arme pour semer le chaos étant les rhétoriques de haine et de division, l’harmonie sociale est constamment mise à rude épreuve par la manipulation politique, déplore Jacques* (55 ans), habitant lui aussi la colline Birwa : « Suivant nos affinités partisanes et/ou ethniques, les hommes politiques s’ingèrent dans nos consciences par le biais des idéologies iniques qui promeuvent l’exclusion d’une frange de la population au détriment de l’autre, fragilisant ainsi la cohésion sociale. »

Ne pas mordre à l’hameçon

Cet état d’esprit conduit à des malentendus pouvant même déboucher à des violences de masses, poursuit Jacques* : « Dans le passé, les membres de différents partis politiques se sont entretués à cause des discours les incitant à l’exclusion, ce qui a favorisé la fracture sociale. »

Prudence Baranyikwa, secrétaire exécutif permanent de la commune Kanyosha appelle à la vigilance pour ne pas tomber dans le piège des politiciens : « Il faut qu’il y’ait une culture de respect mutuel parce qu’une fois élu, un leader gouverne en principe pour l’intérêt de tous les citoyens, et ces derniers doivent savoir qu’après les élections, la vie continue. »

Abondant dans le même sens, Richard Nkunzimana, expert en résolution pacifique des conflits rappelle qu’en 1993, les membres de deux partis majoritaires, l’Uprona et le Frodebu, se sont diabolisés par la facilitation des leurs leaders politiques, et par conséquent ce sentiment a nourri la guerre civile qui a endeuillé le pays. Pour ne pas tomber dans les mêmes travers, cet expert appelle les récepteurs de ces messages, à analyser chacun d’eux et à ne pas prêter une oreille attentive à tout discours qui tend à diviser le tissus social : « Le prix à payer est souvent énorme quand il y a une crise profonde que les intérêts que les uns et les autres en tirent. »

Aux hommes politiques, il appelle à promouvoir les idées constructives, des projets de société pour sortir le pays de certaines situations difficiles qu’il traverse au lieu de jouer la carte ethnique en vue d’accéder à certains postes politiques.

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