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L’apolitique en milieu scolaire, un idéal constamment trahi

C’est un phénomène récurrent qui peine à être éradiquer : la mobilisation des élèves dans des partis politiques avec un risque de les diviser sans parler de leur éducation souvent mise à rude épreuve…

Les témoignages sont accablants. A quelques semaines de la rentrée des classes, certains élèves nous confiaient, sous couvert d’anonymat, leur quotidien près de leurs éducateurs : pris au dépourvu, ils sont des fois obligés d’intégrer des mouvements politiques sous contrainte. « Un jour, notre directeur nous a exigés de participer aux activités politiques de son parti, sans nous donner plus de détails », confiait un jeune rencontré dans un encadrement sportif en vacances.

Par crainte de représailles ou d’être vu de mauvais œil, ces élèves n’ont pas daigné rechigner malgré leur confusion : « Un tel responsable a le bras long qui défiera n’importe qui à l’école. Personne ne peut oser le contredire. »

Même les enseignants sont pointés du doigt et nos sources parlent même d’une violation des consciences. Et de marteler : « Eux aussi usent de leur autorité pour contraindre les élèves afin d’assouvir leurs intérêts politiques. » Ils promettent, confie une jeune fille en vacances, à certains élèves des notes gratuites ou une certaine indulgence lors des séances de délibération clôturant l’année scolaire, et menacent toute voix dissonante.

L’épanouissement des élèves en jeu

Cette attitude des éducateurs tourmente les élèves et met à mal leurs relations qui devraient être bienveillantes. Pour cette  jeune fille,  le milieu scolaire n’est plus apolitique comme il devrait l’être et il est difficile pour ces enfants de comprendre les raisons qui poussent certains éducateurs  à les impliquer de force dans des activités politiques qui n’ont rien avoir avec le programme d’enseignement.

Pour un autre élève également en vacances, ce comportement pousse carrément certains d’entre eux dans l’anxiété. Du coup, ils développent un sentiment de méfiance envers leurs éducateurs et perdent toute leur concentration sur leurs études : « Parfois, quand on refuse d’être un mouton de Panurge, il y’a cette angoisse permanente qui limite certaines interactions avec nos professeurs ou directeurs. Par peur d’être éconduit, on évite de les approcher en cas de besoin. »

Déplorant cette situation, David Ninganza, chargé du plaidoyer à la SOJPAE, regrette cet état de fait qui affecte tant les résultats scolaires que le climat scolaire : « Lorsque l’attention des élèves est tournée vers autre chose que les études, il est évident que leurs résultats deviennent médiocres. »

Et ajouter au fait que ces élèves viennent de différentes milieu, cette politisation presque forcée peut aboutir à leur division sur base de leur appartenance comme ce qui se passe chez d’autres militants des partis politiques : «  Le passé nous a montré que dans tels cas, les conséquences qui en découlent ne sont que fâcheuses. »

Une certaine rigueur s’impose

Ce militant des droits de l’enfant trouve que cette attitude des éducateurs est liée au fait qu’ils considèrent leurs élèves comme leur base électorale : « Ces formes de manipulation des élèves parfois accompagnées de messages divisionnistes et de haine doivent être bannies, et le code électoral devrait réprimer sévèrement ces comportements. »

Interrogé sur cette question, un éducateur qui a requis l’anonymat recommande qu’une réunion entre les responsables des établissements scolaires, les enseignants et les élèves se tienne juste à la rentrée scolaire, pour tracer une ligne rouge à ne pas franchir surtout en cette période pré-électorale, afin de préserver l’environnement scolaire de toute toxicité.

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