Ce lundi 12 avril 2021 à l’Hôtel Royal Palace était lancé le projet d’appui au secteur culturel Burundais (PASACC-BU) de l’UE en présence du Ministre en charge de la Culture, et l’Ambassadeur de l’UE au Burundi. Objectif : redynamiser un secteur qui souffre, depuis longtemps…
« Une journée normale pour les autres mais ô combien grande pour les artistes et entrepreneurs culturels burundais », disait cet artiste lors des activités du lancement officiel du Projet d’Appui au Secteur Culturel Burundais. Et pour cause, jamais de l’histoire du secteur culturel burundais, une cagnotte de 5 milliards Fbu n’avait jamais été débloquée pour répondre aux défis d’un secteur considéré comme le parent pauvre du développement sectoriel au Burundi.
Ce projet sera mis en œuvre sur une période de 3 ans et sera co-executé avec Menya Media et de la Maison des entrepreneurs de l’ADISCO avec deux appels à projets finançant des initiatives/ou entreprises culturelles : 5.000 à 10.000 € pour les projets dits « petits lots », et 10.000 à 20.000 € pour les projets de moyenne envergure.
« Ce projet vise à renforcer les acteurs du secteur culturel et leurs actions. Et il aura un impact positif sur tout le secteur et plus particulièrement sur les artistes et les opérateurs culturels notamment par la valorisation de la culture burundaise, de la création d’emploi, l’accès à la sensibilisation de la population aux produits et créations de qualité », peut-on lire dans le communiqué sorti à cette occasion par l’Ambassade de l’Union Européenne au Burundi.
3 principaux axes d’intervention du PASACC-BU
Expliquant l’intérêt d’Africalia dans l’accompagnement des artistes à travers ce projet, Dorine Rurashitse assure qu’il s’agit d’opter pour la structuration en appuyant la gouvernance culturelle pour la professionnalisation des opérateurs culturels afin de faire du domaine culturel un vrai champ économique, encore informel.
Et d’indiquer que le projet s’articule sur trois axes principaux à savoir le soutien à la création (start-up) et au renforcement (scale-up) des entreprises du secteur ainsi que la prospection et l’étude de faisabilité d’un espace multidisciplinaire qui inclura un incubateur; l’appui aux filières prioritaires à travers d’une part des formations spécifiques et d’autre part des appels à projets pour financer la diffusion d’œuvres culturelles et l’organisation d’évènements ; et le soutien à l’accès aux marchés créatifs sur le continent africain à travers des bourses de mobilité. Pour ce troisième axe, il sera beaucoup question de promouvoir les œuvres auprès des plateformes professionnelles de distribution, renforcer les réseaux culturels existants et les compétences en marketing culturel.
Un projet largement salué malgré quelques inquiétudes
Pour le Ministre Ezéchiel Niyibigira en charge de la culture, ce projet intervient à point nommé au moment où les artistes dans leurs expressions, se trouvent à l’entrechoc des morceaux culturels importés d’autres pays, ce qui met à mal leur originalité : « La culture est une dynamique qui engage des progrès sur le plan économique et social. Elle représente un énorme potentiel en termes d’identité de cohésion sociale et le développement économique.Toute initiative qui met à profit les richesses culturelles et favorise l’accès des populations à ce patrimoine est à encourager.
Du côté des artistes, massivement présents lors de ce lancement (plus de 250 dans la salle), c’est la joie même si des inquiétudes ne manquent pas. Pour Bachir Dia, musicien-producteur, il faut mener les formations d’une façon méticuleuse pour qu’au bout de celles-ci, on ne se retrouve pas en présence des entrepreneurs au lieu des artistes dont le premier rôle est la création.
Yves Nisabwe, universitaire, recommande quant à lui, d’associer les institutions de formation et de recherche vue leur importance dans la marche vers la professionnalisation de toutes les industries culturelles du pays.
Landry Mugisha, à la tête d’Akeza.net se demande également la part réservée à ceux qui ont marqué de leur présence la culture burundaise dans ce projet, quand on voit les conditions dans lesquelles ils vivent et comment ils continuent de mourir dans l’indifférence totale. Ce à quoi Jérémie Hakeshimana à rétorquer, rappelant que les 5 milliards ne sont en aucune manière un gâteau à partager ou dédiés à la consécration des carrières.