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« Staging Times »: la perception du temps au menu du prochain Buja Sans Tabou

Le festival biannuel « Buja Sans Tabous », qui se tiendra en 2020 verra la participation des photographes, des scénaristes et des metteurs en scène qui ont décidé de se rassembler pour fusionner deux arts : la photographie et le théâtre. Provenant de six pays différents, la première rencontre de ces artistes a eu lieu ce jeudi, 29 janvier à l’Hôtel Safari Gate. L’échange portait sur « la définition du temps »

Clemens Bechtel, l’un des initiateurs du « Staging Times » pose le cadre de la démarche : « La photographie et le théâtre entretiennent tous les deux une relation intime avec le temps. L’une peut conserver un moment dans le temps, tandis que l’autre s’inspire de l’instant très insaisissable ». D’où l’idée de fusionner les deux approches artistiques : « En premier temps, les photographes captureront des images desquelles les scénaristes et metteurs en scènes s’inspireront, par après, pour produire un spectacle théâtral. D’autres images seront prises durant la représentation pour être comparées aux images initiales. »

« Dans le Burundi ancien… »

Pour renforcer la réflexion sur le temps, l’historien Emile Mworoha était l’invité des artistes du projet « Staging Times », afin de parler de la perception du temps « à la burundaise ». Il a expliqué : « Dans le Burundi ancien, la subdivision du temps ne se référait pas à la montre comme c’est le cas actuel. Les Burundais percevaient le temps en se basant sur les activités quotidiennes et les saisons climatiques. L’homme était connecté à la mère-nature ».

Ainsi il a démontré l’origine de la dénomination en kirundi des mois de l’année, qui était inspirée par les changements climatiques observés ainsi que les périodes de récolte.

Le mois de Juillet, « Mukakaro » en Kirundi provient du verbe « gukakara » (sécher) décrivant le bruit des feuilles mortes pendant la saison sèche. Mars ? « Ntwarante » (- ntwara-nte-, littéralement : comment vais-je porter cela?), mot expliquant la difficulté de transport des récoltes en grande quantité.

Quant aux différentes heures de la journée, le rythme était généralement donné par rapport aux activités liées au gardiennage de la vache, un bien de grande valeur chez les Burundais à cette époque.
Ainsi par exemple, la 6ème heure du matin était consacrée à la traite des vaches, d’où l’appellation « mu makama y’inka ». Tout comme la 17ème heure qui était comme « mu makwaza y’inka », l’heure où les vaches broutent les dernières touffes d’herbe avant de rentrer. Pour ne citer que cela.

L’Umuganuro, fête des semailles, faisait également partie des références burundaises pour subdiviser le temps lorsqu’il advenait d’établir le calendrier des travaux champêtres. De ce fait, l’ordre de semer à nouveau était donné par le roi après avoir béni les graines de semence lors d’une grandiose célébration à la cour royale pendant le mois de décembre.

Le Pr Mworoha a conclu en avouant « espérer qu’avec des activités comme le Festival Buja Sans Tabous, l’histoire du Burundi sera connue par les générations actuelles et la culture burundaise sera reconstruite. » Pourquoi pas la reconstitution de l’Umuganuro ? « Cela viendra », a–t –il affirmé avec un grand sourire.

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