A l’occasion de la Journée internationale des albinos, Jimbere a recueilli un témoignage émouvant d’une albinos: Rosine est mère d’un enfant, mariée à un homme de « peau noire» et fière d’avoir un époux qui n’a pas le même handicap qu’elle. Mais pour se marier avec lui, elle a dû vaincre sa peur.
Née dans une fratrie de 9 enfant dont 4 sont albinos, Rosine, ses frères et sœurs, ont appris à se supporter dans la famille et faire face aux différentes stigmates de leur voisinage.
A la vingtaine, Rosine devrait gérer sa vie amoureuse ponctuée par son handicap, loin de ses parents de « peau noire » qui n’ont jamais eu ces difficultés dans leur amour, plusieurs années auparavant.
Même si elle a toujours envié un mari autre qu’un albinos, elle redoutait d’en être victime: «J’ai vécu dans la hantise de me tromper de partenaire. Pour nous albinos, tu peux te livrer à un criminel en lieu et place de l’âme-sœur. Je voulais avoir un homme qui ne ressemble pas à moi, mais il m’était difficile d’en choisir un », raconte Rosine.
Quatre ans après le mariage, Rosine et son mari, qui vivent à Kajaga, disent être épanouis dans leur foyer. « Mon mari n’a jamais eu aucun complexe de se retrouver dans les bras d’une albinos », glisse pudiquement la jeune maman.
Et si elle est contente de sa vie de couple, elle estime que c’est parce qu’en partie, ils vivent loin de leurs familles respectives: «J’avais un copain ‘peau noir’ qui m’aimait avant. Il voulait à tout prix qu’on se marie. Mais sa famille ne l’a jamais accepté car elle ne me considérait pas comme une personne, plutôt comme un monstre. J’ai compris que je n’aurais pas la paix avec lui. J’ai décliné sa demande. »
Quant à la question de savoir pourquoi elle n’a jamais voulu épouser un albinos, Rosine est sans équivoque: «Il ne fallait pas que nous soyons deux à avoir le même handicap » rétorque-t-elle, afin de diminuer les risques de transmission de l’albinisme à ses enfants.
Aujourd’hui, Rosine est fière d’avoir donné naissance à un enfant de « peau noire ». Non seulement, cet enfant est un symbole de sa capacité de donner naissance à une vie normale, mais par-dessus tout, « un gage de l’amour de son mari qu’elle compte garder jalousement », loin des stigmates et moqueries dus à son albinisme.