La victime s’appelait Bonheur Ndayambaje. Un jeune albinos de 14 ans, amputé sauvagement de ses membres samedi dernier à Mugina en province Cibitoke, à l’ouest du Burundi.
La tragédie qui prend la vie du jeune Bonheur se dessine mardi 13 août 2019. « Parfait N., un ami d’enfance de la victime est venu chez lui pour aller conclure un deal au Congo voisin [RDC, Ndlr], raconte Emmanuel Habiyaremye, chef de la zone Mugina. Un leurre selon l’autorité administrative: « Le jeune Parfait avait une mission bien précise : mener son ami à l’abattoir ». Le corps sans vie sera retrouvé aux abords de la rivière Rusizi samedi 17 août, après plus de 3 jours de recherche. Il avait été amputé du bras droit, de la jambe gauche et de sa langue.
Kazungu Kassim, représentant légal d’Albinos sans Frontière, s’indigne contre la traque des albinos: « Le jeune avait été appelé par ruse par des personnes de son voisinage. Il a été assassiné de façon ignoble. Ce qui dépasse tout entendement, c’est la complicité des voisins dans ces meurtres. La notion de l’humanité n’est plus», déplore–t-il, tout ému, en ajoutant que le jeune Parfait et sa sœur sont actuellement retenus au commissariat de la province Cibitoke pour « des enquêtes approfondies ».
Selon toujours Kassim Kazungu, la victime a une petite sœur, Claudine, âgée de seulement 8 ans, elle aussi albinos : « Leur mère est très inquiète. Elle ne sait pas à quel saint se vouer. Elle craint que sa petite fille n’ait le même sort que son frère ». Sur la Radio Isanganiro, la mère était effondrée: « J’ai besoin de protection pour ma fille. Elle ne veut pas sortir de la maison. Le seul mot qu’elle répond quand je lui dis d’aller m’apporter un truc de la boutique est : « Ndatinya ko banyirira [J’ai peur qu’on ne me dévore, Ndlr] ».
En attendant, les mesures de sécurité ont été renforcées …
Le chef de zone indique que des mesures de protection pour la petite Claudine ont été mises en place : « Nous avons d’abord recommandé à la mère de rester toujours près de la petite car les malfaiteurs pourraient facilement la tromper. Puis, tout l’entourage est en train d’être sensibilisé pour protéger l’enfant ».
La protection certes, la famille en a besoin. Mais, selon Kassim Kazungu, une grande sensibilisation sur la conscientisation de la société contre les faux mythes autour des parties du corps des albinos, est à prioriser, au niveau national, car « le cas n’est pas isolé. »
Dans un communiqué de presse sortit ce mardi 20 août, la Fenadeb (Fédération Nationale des Associations des Droits de l’Enfant au Burundi) condamne énergétiquement cet acte ignoble, tout en rappelant que depuis le début de l’année 2019, 34 enfants ont été tués. Et de demander aux instances publiques d’accélérer les enquêtes pour punir les coupables.