Des bouteilles en plastique utilisées se remarquent dans les milieux aquatiques ou dans les décharges au Burundi. Certains recourent à leur réutilisation, d’autres s’en servent comme matière première pour les transformer en pavés. Ces initiatives sont-elles écologiques et sans danger? Explications.
En vérité, en vérité ! Le plastique, cette matière qui prend des centaines d’années pour se dégrader a déjà envahi la vie des citadins au Burundi. Certaines plastiques se déversent dans le lac Tanganyika, polluant ce grand réservoir d’eaux douces. Et redonner la seconde vie à ces déchets plastiques peut être une solution mais dans certains cas, les conséquences ne sont pas négligeables.
Rivière Kinyankonge. La population vaque aux différentes activités en cette matinée d’une journée pluvieuse de mois d’avril. Plusieurs bouteilles en plastique se remarquent dans la rivière. Des jeunes enfants tout autour attrapent une à une ces bouteilles. « Ces déchets proviennent des eaux qui se déversent dans la rivière Kinyankonge », confie A.M, une passante rencontrée sur place. Ces bouteilles en plastique entassées dans la rivière, poursuit-elle, finissent pour certaines, dans le lac Tanganyika, mais d’autres sont collectées par des individus qui les revendent au marché.
Et en effet, dans un marché de Bujumbura visité, du côté des vendeuses d’huile de palme ou des jus, ces bouteilles en plastique à usage unique, sont réutilisées. « C’est pratique et moins cher car nous avons du mal à trouver des emballages ou des contenants adéquats pour nos produits. Une bouteille d’eau minérale déjà utilisée coûte 100 Fbu », indique une vendeuse. Et d’ajouter que ces bouteilles en plastique proviennent des ménages ou des personnes œuvrant dans la restauration.
Leur usage devrait être unique…
Cependant, peu importe la provenance de ces bouteilles, le plastique conçu pour un usage unique ne peut être utilisé qu’une seule fois avant d’être jeté. « Une des contraintes concernant la réutilisation des bouteilles en plastique, c’est que les matières en plastique de la bouteille finissent par se dissoudre dans l’eau. Il y a également une augmentation rapide de la croissance microbienne dans les bouteilles d’eau réutilisées », prévient Vincent Mpurumbiyimana, expert en environnement et développement durable.
Les plastiques à usage unique peuvent être recyclées, donc transformées en d’autres objets différents des objets initiaux comme les pavés à base des plastiques. Cette idée « de génie », comme certains le disent est une technique peu couteuse qui consiste à faire fondre les bouteilles plastiques (en remuant) dans un récipient. La pâte obtenue est ensuite passée à travers un moule pour produire les pavés.
Un recyclage en règle s’impose
A côté des fumées gigantesques qui s’y dégagent et qui peuvent polluer l’environnement, les risques pour la santé liés à cette méthode classique ne sont pas négligeables. Et pour cause, témoigne Gilbert (nom d’emprunt) qui avait commencé l’initiative, l’inhalation de ces produits dégagés dans la fumée peut entraîner des lésions des poumons et de la trachée : « J’ai dû abandonner ce projet parce que je suis tombé grièvement malade alors que je portais un masque dans ces manipulations. »
Lionel (nom d’emprunt), un jeune homme travaillant dans une société de production d’eaux minérales, explique quant à lui, que la dite méthode peut causer des dommages sur la santé d’autant plus qu’il s’agit de faire fondre d’une manière classique les produits (donc les plastiques), dont le pétrole brut est la principale matière première. Néanmoins, précise-t-il, il existe des machines performantes pour produire des pavés écologiques sans nuire à la santé humaine.
Rappelons que face aux dangers des plastiques sur l’environnement, le gouvernement du Burundi a mis en œuvre le décret n°100/099 du 8 août 2018 portant interdiction de l’importation et de l’utilisation des emballages en plastique. Cependant d’autres types de plastiques comme des bouteilles en plastique subsistent et sa gestion mérite plus de renforcement et de soutien.