En avril 2022, le Burundi a été frappée par l’épizootie de la fièvre de la Rift Valley. Pour riposter, le gouvernement a décidé de faire la vaccination de tout le cheptel bovin et ovin et a interdit leur abattage pendant un certain temps. Quelques mois après, cette interdiction sera levée. Malgré la fin de cette restriction, le prix de la viande reste élevé jusqu’à présent.
En Mairie de Bujumbura, 1 kg de viande de bœuf s’achète entre 14.000 Fbu et 15.000 Fbu au marché. Il oscille entre 17.000 Fbu et 21.000 Fbu en fonction de la qualité dans les boucheries. Avant la fièvre aphteuse, il s’achetait entre 9.000 et 10.000 Fbu au marché. Marie, 35 ans, mère de 3 enfants, indique qu’il est actuellement difficile de s’acheter la viande. « C’est un luxe pour un citoyen lambda comme moi. Je peux acheter des Ndagalas pour les partager avec mes enfants sinon la viande est désormais réservée pour les grandes occasions. », déclare-t-elle.
Les marches du bétail toujours fermés
Certains commerçants expliquent cette hausse des prix par la fermeture des marchés de bétail. « Nous sommes obligés d’aller dans les ménages des éleveurs pour enfin négocier les prix d’achats du bétail. Nous passons plus de temps que prévu et les voyages sont longs », explique J. N un commerçant de vaches rencontré à l’abattoir de Bujumbura. Au plus fort de la crise, le gouvernement avait fermé les marches de bétails pour freiner la propagation de cette maladie.
Les pénuries répétitives de carburant, elles aussi, viennent en remettre une couche. « Le coût de transport est élevé. Les transporteurs font feu de tout bois pour trouver du carburant. Certains l’acquièrent au marché noir sur un prix relativement élevé et nous sommes obligés d’ajuster les prix de vente pour éviter de travailler à perte », fait savoir Éric, un autre commerçant de vaches. La bonne nouvelle est que l’abattage des animaux semble avoir retrouvé son cours normal. « En moyenne 50 vaches, 180 chèvres ou moutons et 25 porcs sont abattus par jour », souligne Hubert Mbabazi, directeur de l’abattoir de Bujumbura.
Pour rappel, la consommation de la viande a repris le 03 août 2022. Avant d’être acheminés vers les abattoirs, les vaches, les moutons et les chèvres doivent désormais passer sept jours en quarantaine et être examinés dans les sites identifiés à travers le pays. Pour les animaux importés, les sites de mis en quarantaine sont installés juste à la frontière, aux points d’entrées.
Des pertes colossales enregistrées
Signalée vers la fin du mois d’avril 2022 dans les provinces du nord Kirundo et Ngozi, la maladie va finir par se propager dans tout le pays. Ses symptômes étaient notamment l’avortement, le saignement nasal, l’hyperthermie, la diarrhée souvent mêlée de sang, la faiblesse généralisée et l’inappétence aboutissant à la mort de l’animal. Selon le ministère de l’Elevage, 910 vaches avaient été infectées par la fièvre de la vallée du Rift jusqu’au 18 juillet 2022. Parmi elles, 413 étaient déjà mortes. Sur 632 ruminants contaminés, 215 étaient déjà morts. Les éleveurs, les tenanciers des bistrots, les commerçants de bétails paieront les pots cassés. Pas de marchandises, pas de clients. Bref, les affaires étaient au point mort.
Certains consommateurs se contenteront de la viande blanche ou celle de porc, jusque-là épargnée par la maladie. Mais les spéculations sur leurs prix vont finir par les décourager. Les vendeurs de lait seront les autres victimes de la fièvre du Rift Valley. De peur d’être infectée, la population boycottera le lait. Des répercussions financières vont s’abattre sur les ménages et de facto sur le trésor public. L’exemple illustratif est celui de la commune Gashikanwa en province de Ngozi qui perd environ 20 millions Fbu par mois parce que les marchés de bétail sont fermés.
Les experts indiquaient que le recours aux vaccins serait la solution efficace pour contrer cette maladie. L’ayant compris, le ministre de l’Intérieur d’alors Gervais Ndirakobuca va s’y atteler. Sous ses ordres, la vaccination débutera plus tôt que prévu. Dès le 21 juillet 2022, sera lancée à Ngozi une campagne de vaccination des bovins qui s’étendra plus tard sur tout le territoire national. Sans succès, nous avons essayé de contacter la commission de riposte nationale de la fièvre de la Rift Valley pour savoir si elle compte rouvrir les marchés de bétail ou prendre d’autres mesures facilitant le commerce du bétail.