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La pauvreté : une des causes majeures d’abandons scolaires au Burundi

Le système éducatif du Burundi est frappé d’une hémorragie scolaire à haut débit. Les chiffres d’abandons accroissent d’année en année. Les provinces frontalières s’annoncent comme les plus touchées par ce fléau.

A la recherche de fretins sur les bords du Tanganyika

Selon Isidore Nteturuye, coordinateur national du Fenadeb : « A une certaine période de l’année, les jeunes interrompent ou abandonnent définitivement les études. Le plus souvent, ils vont en Tanzanie ou Rwanda pour gagner un peu d’argent en effectuant des petits boulots, tandis que d’autres se font embaucher dans des sites miniers ou grandes exploitations. »

Sur la liste des provinces les plus touchées par ce phénomène, les cinq premières provinces à être touchées par le phénomène : Makamba, Kirundo, Ngozi, Kayanza et Muyinga. A elles seules, elles enregistrent plus de la moitié des abandons au niveau nationale.

Plusieurs raisons sont à l’origine des abandons scolaires. « A l’époque je ne voyais pas de raisons de rester au banc de l’école. Je me disais que c’était une perte de temps vu que deux de mes grands frères qui avaient terminer l’université était au chômage. Sachant que ma famille ne pourra pas me payer une université privée vu que je m’achetais moi-même le matériel scolaire, je me disais que je gaspillais le peu que je gagnais. J’ai suivi le mouvement de mes camarades qui se faisaient enrôler dans les gisements miniers de coltan », raconte Josias, un natif de Kayanza qui, toutefois, regrette le choix.

Alors qu’écoliers et élèves comme Josias se font enrôler dans les gisements et grandes exploitations agricoles, les plus audacieux prennent les chemins des pays limitrophes surtout la Tanzanie et le Rwanda. Philibert, la cinquantaine, raconte comment tous ces fils se sont retrouvés du jour au lendemain en Tanzanie : « Mon fils cadet olivier a été chassé de l’école à cause des frais scolaires que je ne pouvais pas collecter sur le champ. Alors que j’étais en quête de l’argent, un matin, olivier sort comme d’habitude pour tuer le temps et il ne reviendra. J’apprenais une semaine après qu’il était parti travailler en Tanzanie », se confie le vieux de Mabanda, plein de chagrin. « Olivier en revenant avec une situation financière meilleure, il influencera ses frères et les jeunes de la colline. Aujourd’hui presque tous les jeunes en âge de travailler affluent vers Kigoma », l’épaule, Constantin, son voisin.

La politique de gratuité scolaire « en théorie »

Alors que la scolarité des jeunes écoliers est censée être gratuite, elle est loin de l’être en pratique. Certains responsables scolaires ne manquent malheureusement pas de moyens pour soutirer des frais aux parents souvent en situation précaire : « Dans la commune Vumbi, Vu la carence des professeurs, le directeur d’une école fondamentale exige aux parents de payer une somme de 3000 Fbu afin de payer les enseignants vacataires », révèle le coordinateur de Fenadeb, lequel précise également que le phénomène n’est pas isolé et que les frais exigés aux parents varient en fonction du nombre d’élevés au sein des différents établissements scolaires.

A tout problème, il y a une solution

La pauvreté ne devrait pas être une entrave à une la scolarité d’aucun enfant burundais. Une solution est à la portée des directeurs. « Ils suffit que les autorités scolaires collaborent avec les entités administratives », explique Isidore Nteturuye. « Aucune commune n’est incapable de prendre en charge les indigents. Chaque année, toutes les communes reçoivent chacune un budget de plus de 500 millions Fbu sans oublier d’autres ressources financières dont elles disposent. Avec ce budget, impossible de ne pas assurer l’éducation de tous les enfants », conclue-t-il.

Un portrait rédigé par Niyo Pe Ngendakumana dans le cadre du stage au sein du Magazine Jimbere comme un ancien du programme « Enfants journalistes » de l’UNICEF Burundi.

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