L’Organisation Diocésaine pour l’Entraide et le Développement Intégral de Muyinga ODEDIM-CARITAS Muyinga en partenariat avec Caritas International Belgique réunissait, le 16 février 2022, la population de la colline Kigina de la commune Bugabira en province Kirundo pour une séance de sensibilisation à la cohésion sociale sous le thème « Renforcer la bonne cohabitation entre les retournés/les déplacés et la communauté d’accueil ». Une activité appréciée de tous.
Cette séance de sensibilisation autour des jeux de concours, des danses traditionnelles et des sketchs rentrait dans les activités du Résultat 3 (R3) du projet « TUGABANYE UBUNTAHONIKORA » en cours d’exécution dans six collines de la commune Bugabira et huit collines de la commune Busoni.
La population de la colline Kigina s’était donné donc rendez-vous au stade communautaire de Bugabira les uns pour assister aux présentations des groupes de Sketchs et des danses traditionnelles, les autres pour prendre part aux jeux de concours (questions-réponses).
Après un bref exposé du facilitateur sur le thème du jour, 10 questions en rapport avec l’exposé ont été posées et toute personne qui a répondu convenablement à chacune des questions a eu droit à une prime faite de savons et d’un bidon. Après la séance des questions réponses, les habitants ont eu droit à quelques numéros de danses traditionnelles accompagnées des chants appelant au vivre ensemble, des sketchs avec des faits/gestes bien scruptés et des mots bien choisis pour inciter la population à dépasser tout ce qui pourrait être source de conflits entre les retournés/refugiés et la communauté d’accueil. Fait majeur : les retournés/déplacés, la communauté d’accueil, les autorités paroissiales et l’administration collinaire étaient tous représentés.
Cette séance a été sanctionnée d’une remise des prix aux trois meilleurs groupes de chaque catégorie. Le 1er groupe a reçu des kits de lavage des mains accompagnés d’une enveloppe de 50 mille Fbu et les deux autres groupes ont reçu chacun une enveloppe de 50 mille Fbu à partager entre les membres du groupe.
L’important n’était surtout pas les danses, sketchs ou bien les prix mais certainement le message véhiculé dans ces jeux qui insistait sur la promotion de la convivialité entre retournés/déplacés et la communauté d’accueil, le bon accueil des retournés, résolution pacifique des conflits, le sauvegarde de la paix, éviter les conflits qui pousseraient la population locale à fuir le pays, protections des biens des réfugiés /retournés.
17.572 personnes touchées soit un taux de 74%
S’exprimant sur la réussite de ce projet en ses activités du R3, Jonas Ngendakumana, conseiller technique de l’administrateur de la commune Bugabira explique que ce projet a été bénéfique et apprécié par la population : « Ce volet de cohabitation entre les retournés et la population d’accueil a contribué à réduire des tensions qui, avant, pouvaient naître d’un simple problème et créer un climat négatif entre la population. Depuis, ces petits problèmes se règlent rapidement entre eux. » Et de demander que des projets similaires soient implantés dans d’autres collines de la commune de Bugabira.
Dans son discours d’allocution, le secrétaire exécutif adjoint de l’ODEDIM-Caritas Muyinga, l’Abbé Leonidas Bizimana s’est dit satisfait des résultats obtenus dans ces collines de la commune Bugabira et Busoni notamment en matière de résolution pacifique des conflits et la pérennisation de la paix entre ces communautés. Pour toucher efficacement la population des 14 collines de Bugabira et Busoni, explique l’Abbé, ODEDIM-CARITAS Muyinga a dû déployer dans chaque colline un médiateur pour essayer de régler les conflits à travers des dialogues et un parajuriste « imboneza mu mategeko » pour expliquer à la population ce que dit la loi en cas d’un litige. « Un psychologue pour prendre en charge des habitants qui ont besoin d’être rassuré ou des assistances morales et un avocat pour conseiller et accompagner les habitants dans des affaires juridiques ont été dépêchés au niveau du projet », renchérit l’Abbé Leonidas Bizimana.
???? « Renforcer la bonne cohabitation entre les rapatriés et la communauté d’accueil »
— Jimbere (@JimbereMag) February 18, 2022
????️ Thème au centre des échanges de ce 17/02, entre l’association @odedim et les habitants de Bugabira (#Kirundo), en marge du projet « Tugabanye Ubuntahonikora » https://t.co/Ijmg9sbeJt#Burundi pic.twitter.com/Ph5ZOZXlwE
Des témoignages positifs fusent de partout
Prosper Ndayiragije, père de Joyeuse, une fillette de 9 ans abusée sexuellement par 2 garçons de 16 ans fut le premier à témoigner. Ce père ne savait pas comment s’y prendre et quelle démarche juridique entreprendre : « Après ce drame ma famille et moi étions perdus. Nous ne savions quoi faire à ce moment-là. » C’est plus tard qu’il a appris qu’ODEDIM-CARITAS Muyinga le cherchait pour l’aider et l’accompagner dans ces moments difficiles : « Pris en charge par un psychologue, j’ai retrouvé un cœur humain que j’avais presque perdu et ma fille aussi. Ce psychologue sous la charge de l’ODEDIM-Caritas Muyinga m’a prodigué des conseils, et la façon dont je devais m’occuper de ma fille. » Concernant le sort réservé aux coupables, Prosper Ndayiragije explique que le dossier a été suivi de bout en bout par un avocat mandaté par ODEDIM-CARITAS Muyinga dans la commune de Bugabira sans qu’aucun sou ne sorte de sa poche.
Sandrine Niyonkuru, contrainte par son mari à quitter son foyer, emportant avec elle ses 5 enfants, et laissant derrière elle toutes les économies et des biens matériels ne tarit pas d’éloges envers l’ODEDIM-Caritas Muyinga : « N’eut été l’aide de cette organisation et son avocat, je n’aurais jamais eu la moindre part des économies qu’on avait cherchées avec mon époux. » Grâce à leur assistance, la Justice lui a permis à elle et à ses enfants de récupérer deux motos sur trois que possédait la famille.
Speciosa Kabageni, la quarantaine, s’est retrouvée sur le banc des accusés sans connaitre les faits qui lui étaient reprochés : « J’ai été malmenée, emprisonnée des années durant jusqu’au jour où j’ai croisé l’avocat de l’ODEDIM-Caritas Muyinga pour enfin apprendre que j’étais accusée d’être une voleuse qualifiée. » Accompagné et aidé par un avocat envoyé par cette organisation, elle a été blanchie et profite actuellement de la liberté et de la vie.
Tous saluent l’ODEDIM-Caritas Muyinga pour ce soutien gratuit et demande à d’autres de lui emboiter le pas.