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Camp de travail pour les jeunes : et s’il servait aussi de citadelle pour la cohésion sociale ?

Les grandes vacances pour les élèves au Burundi riment depuis quelques années avec les travaux d’intérêt public, sous couvert de camp de travail. Un cadre de rencontre extra-scolaire qui contribue également à la promotion du vivre-ensemble…

C’est presque devenu une coutume. Chaque rentrée scolaire est précédée par l’encadrement des élèves autour des activités manuelles diverses, dans plusieurs localités du pays. Sur la colline Gabaniro, de la zone Gitaza, en commune Muhuta, de la province Rumonge, les travaux de fabrication des briques de terre cuite occupent les jeunes.

Ils se relayent pour faire le mélange d’une masse de terre argileuse et de l’eau. L’ambiance est bon enfant et le moral monte d’un cran avec l’intonation des chants folkloriques. « Nous venons ici accomplir ces tâches fièrement et ainsi, nous apprenons certaines techniques d’usage manuel qui ne sont pas enseignées à l’école », apprécie Daniella* (16 ans), élève à l’école secondaire de Gabaniro.

Cet enthousiasme se lit également sur le visage de Derrick*, qui s’apprête à embrasser le dernier cycle de l’école fondamentale : « C’est une expérience unique en son genre d’autant plus qu’elle rassemble les jeunes autour des initiatives qui contribuent au développement de la communauté. »

De la concorde, mais pas que…

Sourires en permanence ponctués par des drôles d’humour, l’atmosphère qui y règne est relativement gaie. De telles interactions peuvent être troublées par certains propos. Parfois, des sujets d’ordre politique ou ethnique divisent ces jeunes, de par la façon dont ils sont abordés : « Des querelles accompagnées par des altercations peuvent surgir lorsque l’une ou l’autre ne s’entende par sur l’éloge d’un parti ou la version particulière de l’histoire sanglante de notre pays. »

Et cela peut s’aggraver dans une certaine mesure : « Au fur et à mesure que de telles discussions occupent une place de choix, la méfiance gagne du terrain, des dissensions peuvent naître et torpiller la bonne cohésion. », reconnaissent-ils.

Par ailleurs, Aimable Sibomana, chef de colline de Gabaniro admet que l’administration locale doit accompagner ces jeunes, pour que ces activités soient aussi une opportunité pour leur apprendre de bonnes valeurs : « Bien qu’ils proviennent des différentes localités aux tendances diverses, le leitmotiv devrait être l’unité plutôt que des slogans à caractère divisionniste. »

Toutefois, selon Pasteur Elie Nahimana, acteur de la paix, les camps de travail renforcent l’harmonie et les rapports sociaux. Pour lui, c’est une technique de reconstruire la communauté qui a été déchirée pendant des années : « Il est plus que nécessaire aujourd’hui d’organiser de telles initiatives. Elles permettent aux jeunes élèves, étudiants ou même ceux qui n’ont pas eu la chance de continuer leurs études de se rassembler  autour de séances de rééducation et de réadaptation spirituelle, morale… », conclut-t-il.

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