Les Editions Gusoma ont procédé, lors d’une conférence de presse animée ce 31 octobre 2024 à Bujumbura, à la présentation de plus de 60 nouveaux mots et expressions de la langue maternelle (le Kirundi), créés lors de la campagne « Curijambo » tenue de juillet à septembre 2024, dans le cadre d’enrichir le lexique du kirundi.
Animateur principal de ladite campagne, Napoléon Ahishakiye, a fait savoir que l’initiative a été tenue dans le cadre de contribuer à la préservation du patrimoine linguistique burundais: « Le kirundi doit être valorisé par les Burundais eux-mêmes en essayant de créer de nouveaux mots et expressions qui collent aux réalités matérielles de notre époque, et ce dans tous les domaines. »
Ayant accompagné toute la campagne « Curijambo, le professeur d’université et expert en kirundi, Ferdinand Mberamihigo, a signalé que les mots forgés ou adoptés sont courts, de façon que l’on ne trouve pas du mal à les prononcer: « Ce lexique permettra aux locuteurs du kirundi de ne pas continuer à emprunter des mots au français, à l’anglais, au kinyarwanda et au swahili », a noté le linguiste.
C’est ainsi que huit séances de « forge » des mots ont été tenues avec des profils différents d’invités, sous la couverture médiatique du Magazine Jimbere et de la radio Kazoza FM. Une soixantaine de mots/expressions kirundi ont été générés dans sept domaines, à savoir l’économie, la justice, la santé, le sport et l’art, l’éducation, l’agriculture et les Technologies de l’information et de la communication(TIC).
Les mots forgés dans le domaine de l’économie sont : ndandariza (prescripteur), umuranzi (commissionnaire), igurizo (le contrat de vente), ikirihiriro (la facture), urugusho (l’avance), umunyamugambi (l’entrepreneur), ubunyamugambi (l’entrepreneuriat), et icemezandishi (le reçu).
Pour le domaine de la justice, l’on a eu inyunganirategeko (la jurisprudence), indondavyaha (l’extrait du casier judiciaire), indangamavuko (l’extrait d’acte de naissance), indondoramuntu (l’attestation d’identité complète), inyigishomfatiro (la doctrine), ingengangingo (la procédure judiciaire).
Dans le domaine de la santé, il s’agit de akaryama ka nkende (la variole du singe), mu batabarizwa (dans l’urgence), amagara ndoragitsina (la santé sexuelle), impanamizi (le facteur de risque), ubwandu (infection), isaniro (chirurgie), isanasana (opération), isuzumwa (la consultation), isuzuma ry’ikiziga (l’autopsie), umwakirizi (sage-femme), aho bavurira abana (pédiatrie), iyakiriro (maternité), inkoranyabuhinga (multidisciplinaire).
Dans le domaine du sport et de l’art, la campagne « Curijambo » a permis d’avoir umurimbanyi (l’artiste), uburimbanyi (l’art), Murimbane (Miss), inganamugani (le roman), indamurabitabu (les Editions), umuvamfuruka (le corner), mukorumbone (surface de réparation), ikinyankumbi (penalty), et agasunuzo (la prolongation).
Dans l’éducation, ont été forgés ou admis les mots amayagwa (littérature), inyuramugani (fiction), amayagwa nyabumenyi (littérature de pensées), amayagwa nyuramvugo (littérature orale), amayagwa mandikano (littérature écrite), rwemeza (diplôme), insahirizi (bourse d’études), ingurane-nsahirizi (prêt-bourse), igisata (département), iramuriro (faculté), ishembamvugo (poésie), icicaro (session d’examen), et indangamanota (bulletin).
Dans le domaine de l’agriculture, « Curijambo » a permis d’avoir ubuhinga bw’irima (pratiques agricoles), urubu rw’irima (saison culturale), isekeza ry’uburimyi (campagne agricole), ikivomeresho (arrosoir), umuhonyatwononyi (pesticide), uburimyi nzanamafaranga (agribusiness), ifumbire mvaruganda (engrais chimiques), et ukworekera/iyimisha (greffage).
Pour le domaine des TIC, il s’agit de ubuhinga bwo gutumatumanako amakuru (TIC), ubwenge mpingurano (intelligence artificielle), kwimura (copier), kumatura (couper) kumadika (coller), kwunguruza (déplacer), kuvoma (télécharger), inyabwonko (ordinateur), iyitsanyabwonko (digitalisation), interabwenge (logiciel), umugera (virus), umuhinyiko (code), agaterabwenge (application), et urusenge (serveur).
La directrice des Editions Gusoma, Niteka Ange Maïtée, a souligné que les médias jouent un rôle important quant à la valorisation de la langue maternelle. Et de solliciter l’implication des professionnels des médias en s’appropriant ces mots pour les utiliser dans leurs différentes publications afin que le public l’incorpore dans son lexique quotidien.
Le Directeur de la Culture au Ministère des affaires de la communauté est-africaine, de la jeunesse, de la culture et du sport, Remy Hayimana et le Directeur général de la communication et des médias au Ministère de la communication, des technologies de l’information et des médias, Oscar Nzohabonayo, présents lors de cette conférence de presse, ont remercié et félicité les initiateurs de la campagne « Curijambo » pour les efforts déployés, tout en les encourageant à aborder tous les domaines.
Nzohabonayo a saisi cette occasion pour leur demander de collaborer avec le Ministère en charge de
l’éducation pour l’insertion de ces nouveaux mots dans certains livres pédagogiques.
Fondateur des Editions Gusoma, le journaliste et éditeur Roland Rugero a vivement remercié le professeur Mberamihigo pour sa contribution remarquable en guidant le travail de forge du nouveau lexique kirundi pour cette édition. Il a fait remarquer que ces mots peuvent être utilisés dans les publications, en attendant l’approbation par l’académie Rundi.
Il a, enfin, appelé à la combinaison des forces pour valoriser la langue maternelle.
Signalons que la deuxième campagne « Curijambo » est prévue pour l’été 2025.