“Journal Intime”, c’est le titre du spectacle duquel je me délecte ce samedi soir, le 28 juin. Marcellin Eucon, 16 ans, performe dans son tout premier one man show produit par Kakel Land, comme il n’en a eu de cesse de nous le rappeler ces dix derniers jours. L’événement est bien promu, de grands noms de l’humour lui font de la pub, bref tout est réuni pour faire saliver d’impatience les amoureux de l’humour. Et je peux sans aucun doute dire que l’attente en a valu la chandelle.
C’est le samedi idéal pour se faire plaisir avec un spectacle d’humour. Grâce à une fine mais rafraîchissante pluie, c’est avec bonne humeur que je pénètre dans l’enceinte de l’Institut français du Burundi. Devant la salle de spectacle, un beau monde s’est déjà attroupé en attendant la sonnerie qui marque l’ouverture des portes de la salle. La clameur est assez forte, comme si l’on s’échauffait les cordes vocales en prévision des fous rires à venir.
Enfin, la sonnerie retentit et nous voilà embarqués dans les méandres du “Journal Intime” de Marcellin.
Avant de continuer, remontons un peu le temps…
Il est 13h. J’écris à Marcellin, histoire de connaître son ressenti avant qu’il ne passe sur scène. Et voici ce qu’il me dit : “Je ressens de l’amour et de la paix, même si le trac ne manque pas. Les attentes, je n’en ai pas beaucoup, par contre j’ai envie de déclencher des rires, mais aussi que les gens ressentent l’amour que j’ai à leur partager. Si je pouvais parler au moi qui se tiendra sur scène dans quelques heures, je lui dirais bravo, car ceci est l’aboutissement de trois ans de préparation. Alors, Marcellin, amuse-toi !”
Le spectacle…
Hypolyte Bakari et Rodini chauffent la salle, en attendant l’instant tant attendu. Après de bonnes blagues et des rengaines sarcastiques venant du public, place à ZE show de la soirée.
Marcellin Eucon apparaît sous les halos clignotants des projecteurs, et le reste est une avalanche d’esclaffements. On rit par ci, on rit par-là, c’est à qui rira le plus fort.
De quoi on rit ? Eh bien, des bus branlants de Bwiza qui vous arrachent des bouts de vêtements, des églises aux noms plus alambiqués les unes que les autres, des feux rouges qui s’éteignent au passage du papa de Marcellin mais qui rougissent encore plus lorsque c’est sa maman qui traverse- elle est d’une beauté divine, d’après lui.
Mention spéciale pour la régie lumière, dont le technicien joue, quand il le faut, avec les lumières de manière tout à fait hilarante, de sorte que le spectacle en est meilleur.
Bref, on passe du bon temps, les 5.000 BIF dépensés à l’entrée n’étaient pas cher payé.
Dans les coulisses…
Après une ovation bien méritée, Marcellin Eucon salue et quitte la scène.
Je le retrouve quelques minutes plus tard en coulisses, et lui pose quelques questions.
“Déjà, toutes mes attentes ont été comblées. Après le spectacle, quand je suis arrivé dans les coulisses, je me suis agenouillé et j’ai dit ‘Gloire à Dieu!’ ”, me confie-t-il avec un large sourire. Il n’a pas fini de répondre à ma deuxième question que nous sommes interrompus par sa famille, qui est venue le féliciter. Après des mots d’encouragement et quelques clichés, on nous laisse reprendre notre interview.
Marcellin se dit heureux de ce premier show. Comme il me l’apprend, “Journal Intime” relate sa vie personnelle, son quartier, sa famille et le pays où il habite : le Burundi. Il raconte ce qu’il aurait secrètement écrit dans son journal, il le partage au public.
Lorsque je lui demande ce qui a changé chez lui depuis 2020, année où il a débuté sa carrière humoristique, il me répond : “Je n’ai pas changé, je me suis amélioré. Et je le dois aux différentes personnes que j’ai rencontrées jusqu’ici. Avec ce comeback, puisque je venais de passer cinq mois sans monter sur scène, je veux montrer une nouvelle identité : un Marcellin imprévisible, inimitable, qu’on ne peut pas ranger dans une case. Que devrait attendre le public de moi ? Que de l’amour, et surtout rendez-vous au sommet!”
Et pour clore ce texte, voici les dernières paroles que Marcellin Eucon me lance avec son sourire espiègle : “Je ne sais pas ce que demain me réserve ; tout ce que je sais, c’est que ça va bien se passer.”




