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La toute première fois… « Misères! Je suis blessée »

Les toutes premières règles! Un événement qui marque à vie : entre angoisse et excitation, gêne et fierté, c’est un cap pour bon nombre de filles. Et cela ne passe pas inaperçu. Témoignage de Jeannette.

Aujourd’hui, j’en ris presque comme un détail de ma vie. Pourtant, à l’époque, ce fut toute une histoire!
Je suis née dans une fratrie de 6 enfants, unique fille parmi cinq gaillards. Ma mère est morte quand j’avais 9 ans. Nous avons donc été élevés par notre père. Le pauvre! Il a fait de son mieux, je crois même qu’il aura été le meilleur papa du monde (normal, c’est le mien) …
On l’excusera donc : malgré toute sa bonne volonté, les histoires de filles, ce n’était pas trop son truc. Et d’ailleurs, mes frères vous diront que je n’en étais pas vraiment une. J’étais la meilleure au foot, personne n’égalait mon bras de fer. Quant à mon coup de pied, Patrick en pleure encore. (Rires)

J’ai grandi ainsi, petit garçon manqué, entourée d’hommes du matin au soir. Puis ce jour arriva. Misères!
Je rentrais de l’école avec une folle envie d’uriner. En baissant ma petite culotte, je vis les trucs. « Qu’est-ce que c’est? Suis-je blessée? Mais comment, quand est ce que je me suis fait ça puisque je n’ai même pas mal?… »
Du haut de mes 14 ans, j’aurais dû savoir ce que c’était. Hélas!, je ne savais rien. Alors j’ai mis ma main là-dedans, au fond de ma culotte, et ensuite j’ai été voir père : « Je saigne de là, Papa! »… Passé le moment de (grande, immense) gêne, mon père m’emmena dans la chambre et me dit, de son air le plus grave « Tu es une femme maintenant, Jeannette! Tu n’es pas blessée, c’est normal. Et ça reviendra chaque mois! »

Ce soir-là, on me changea de chambre. Mes habits de garçons, mes shorts, tout cela on le donna à mon petit frère!
Désormais c’étaient jupes, robes et … Dieu, j’eus même un pagne! « C’est donc ça, être une femme? »

Témoignages 

« Quand elles sont venues (les règles) pour la première fois, on m’a offert un paquet de serviettes hygiéniques. Seulement, on ne m’avait pas dit que je n’étais pas obligée de changer de serviette toutes les demi-heures. Quelle surprise quand je suis allée voir ma mère en fin de journée pour lui dire que j’avais épuisé tout le paquet! » Anaïs N., 28ans (Kinindo)

« Ma femme est morte me laissant 3 enfants. Deux filles de 15,13 ans et un garçon de 8 ans. Quand Inès eût ses règles, je n’ai pas su quoi lui dire. Heureusement, les petites sœurs de ma femme s’en sont chargées. Ce sujet est tellement tabou que lorsque Inès a besoin de racheter les serviettes hygiéniques, elle m’écrit un petit message « Papa, j’ai besoin de 1500 Fbu » et cela suffit. Nous n’en parlons jamais. » Richard H., 52 ans (Kinama)

« Le plus dur, c’est d’acheter les serviettes à la boutique du quartier! Il y a toujours trois ou quatre autres clients, tes voisins d’à côté en plus! Comment donc faire comprendre au vendeur ce que l’on cherche sans dire un mot? Impossible! « Nshaka Cotex ». Voilà, c’est dit! Maintenant va falloir l’emballer, et ramener ce fichu paquet de serviettes à la maison. Astuce: prenez un pagne avec vous. Enroulez le paquet de serviettes dedans et mettez le tout dans un sachet noir. C’est comme ça que je fais. » Belyse, 16 ans (Nyakabiga)

« Je me sens femme quand j’ai mes règles. Quand elles s’écoulent, cette chaleur, cette couleur… tout cela me prouve que je suis en pleine forme! Pour peu, je ne voudrais pas qu’elles s’arrêtent. Je dis toujours à mes filles: « Soyez fières d’être femme! Profitez-en même, de ces règles car elles ne dureront pas toujours! » Amina, 40 ans (Buyenzi)

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