Kabezi, une des communes de la province Bujumbura souvent dite rurale, est située entre Bujumbura la capitale, et la province Rumonge, avec un accès au lac Tanganyika. Cette contrée se trouve à la croisée de chemins de plusieurs cultures. Pour le meilleur et pour le pire.
Du haut de ses 26 ans, Bonaventure Havyarimana vient récemment d’être nommé pour représenter REJA au niveau communal. Sa mission : inculquer à ses camarades les valeurs de la scolarisation. Or, selon ce jeune leader, la jeunesse de Kabezi est exposée aux opportunités économiques éphémères. Des pistes pour se faire de l’argent sont à leur portée, ce qui les conduit aux abandons scolaires, aux mariages précoces et à d’autres vagabondages. Les jeunes ayant embrassé tôt la carrière professionnelle se marient tôt et leurs ménages sont souvent branlants.
Les principaux métiers auxquels accourent ces jeunes sont, comme l’explique Olivier Mugisha, lui aussi membre de REJA, l’exploitation des minerais de Kabezi et de Mutambu, et la pèche qui est le métier noble des hommes aux abords du lac Tanganyika.
Un combat partagé
« Les hommes de Kabezi ont fait du concubinage, un moyen d’exprimer leur aisance matérielle », confie Odette Ndayisenga . Cette jeune femme appartient à de nombreuses associations dont l’AFEV, REJA, l’Association des apôtres de la paix, et bien d’autres qui œuvrent dans la promotion des valeurs de la femme, la résolution pacifique des conflits et l’auto-développement économique des femmes. Avec le soutien de ses frères réunis au sein de REJA, Odette s’est lancée dans un combat noble. «Nous avons formé des sous-comités dans les 12 sous-collines qui font la commune Kabezi, et ainsi sommes parvenus à former 24 membres chargés d’enseigner le changement de comportement des jeunes, de se renseigner sur les violences faites aux femmes. Si des cas de viols sont signalés, les victimes sont acheminées directement au Centre Seruka à Bujumbura pour les soins, et nous collaborons avec des organisations des droits de l’Homme pour entamer des poursuites judiciaires», explique la jeune femme.
Mais pour elle, la route est encore longue puisqu’il y a même des chefs locaux qui ont en cachette des concubines. «Comment espérer un changement réel avec de tels chefs? », se demande-t-elle.
Avec le projet de «Soutenir les femmes leaders d’aujourd’hui et de demain pour faire avancer la paix au Burundi» de Search For Common Ground, ces jeunes sont plus que jamais déterminés à poursuivre leurs objectifs et restent optimistes pour un Kabezi meilleur dans les dix prochaines années.