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Jimbere Mukenyezi

L’ingénierie au Burundi : la place de la femme questionnée

Un exemple parmi tant d’autres: depuis la création de la faculté des Sciences Appliquées dans le pays en 1982, le nombre des femmes ingénieures a toujours été inférieur à celui des hommes. Pour l’année académique 2017-2018, en 1ère année, la faculté des sciences d’ingéniorat dénombrait 14 filles contre 77 garçons.

De par ces (quelques) chiffres peu reluisants, la Fiadi (Association des femmes ingénieures actives dans le développement inclusif) organisait une conférence-débat sous le thème « L’ingénieur, source de solutions durables » ce samedi 12 octobre dans les enceintes de l’Université du Burundi, afin d’échanger sur la problématique.   

La conférencière du jour, Dr Ir Michèle Mukeshimana

« Le rôle de l’ingénieur dans la communauté ? Inventer et fabriquer le monde de demain. Et comment donc y arriver ? L’ingénieur.e se doit être compétent.e afin d’améliorer, conseiller, diriger et proposer des solutions durables. Et si au Burundi, le taux d’activité des femmes est de 59,4% et qu’elles constituent plus de la moitié de la population, pourquoi dans l’ingénierie la laisserait-on derrière ? » C’est par ce raisonnement de Dr Ir Michèle Mukeshimana, enseignante à l’Université du Burundi et conférencière du jour, que s’ouvrait le débat.

« Aux premiers abords, les statistiques confirment que l’inclusion de la femme dans l’ingénierie du Burundi est plus qu’impérative. Mais, celles-ci se heurtent à plusieurs défis qui les limitent dans leurs ambitions, notamment avec la tradition du mariage de la jeune fille burundaise en bas-âge, la discrimination sexiste, les stéréotypés, … Et dans notre société, celles qui se lancent dans le domaine sont souvent qualifiées de filles ratées ou encore des filles-garçons », a-t-elle commenté, avant de passer la parole.

Aurore Mugisha, qui détient un mastère en Génie de structures, dans son témoignage, a aussi rejoint le point de vue de la conférencière : « Même en Turquie où j’ai fait mes études, j’étais victime d’incompréhension. On me disait souvent que je ne serais pas à mesurer de monter sur les constructions, ou que je ne pourrais pas résoudre tel ou tel autre exercice de mathématiques parce que je suis une fille. On ne m’estimait pas à ma juste valeur. Mais je leur ai prouvé le contraire. »

Femmes ingénieures, membres de FIADI

Peut-on espérer que la place de la femme burundaise dans l’ingénierie évoluera pour bientôt ? Rien n’est impossible … Mais le changement de mentalité, le courage et la détermination, et tout d’abord du côté du public féminin, constituent la clé de la réussite.

Fiadi, née pour briser les clichés | S’inscrivant dans une logique d’émancipation et d’épanouissement de la femme ingénieure, l’association a vu le jour le 30 octobre 2018. Cette gynécée rassemble 12 femmes ingénieures issus de plusieurs facultés d’ingéniorat dont le but est de « crier halte aux mythes, stéréotypes et clichés qui font perpétuer et justifier l’hégémonie et l’exclusivité masculine sur les domaines d’ingénierie. »
Dans leurs actions, elles prônent une réelle mixité dans le milieu de travail, pour que les domaines d’ingénierie soient de vrais secteurs d’emploi pour les femmes. Fiadi organise également des conférences de sensibilisation et des visites dans les milieux de travail à l’endroit des filles et femmes burundaises afin d’opérer un réel changement de mentalité et de perception sur la femme.

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