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L’indispensable pierre féminine à l’édifice national

Dans le cadre du projet Synergie pour la paix, des séances de mentorat ont été réalisées, début juin, à l’endroit des femmes leaders, membres du consortium CENAP, BLTP et Jimbere de Rumonge et Ijenda. Des sujets de communication non violente, de leadership, de bonne cohabitation, du sens d’organisation ont été abordés. Le Point.

C’est un après-midi ensoleillé qui nous voit débarquer dans la province de Rumonge. Dans la grande salle de la paroisse, l’impatience et la soif d’apprendre se lit sur les visages des femmes leaders qui attendent de puiser de nouvelles connaissances dans la séance de mentorat qui leur est préparée. Pendant que Madame Bénigne Nintunze avance vers le podium bien décorée en son honneur, des acclamations d’admiration pour cette brave dame retentissent. Soudain, c’est le silence qui s’installe, laissant place à l’introduction de Mme Nintunze. Elle a été élue par ses consœurs membres du consortium, grâce à son expérience, pour être leur mentor. Bien que connue de toutes, elle fait une brève présentation pour briser la glace.

Un témoignage constructif

« Je m’appelle Bénigne Nintunze. J’ai 46 ans, et je suis maman de cinq enfants. Dans la vie quotidienne, je suis directrice communale de l’éducation ici à Rumonge. Je vais vous raconter mon parcours, afin de vous encourager. » Psychologue de formation, les premiers pas dans le monde professionnel de Mme Nintunze furent dans l’enseignement. Concilier son rôle de maman à la maison, et celui d’enseignante n’a pas été facile pour elle, durant 15 ans. Cependant, elle a su persévérer et s’organiser petit à petit et a trouvé le juste milieu. D’ailleurs, elle a pu libérer du temps pour apprendre l’autonomisation de la femme, et le leadership. Elle a fini par oser se présenter comme candidate au poste qu’elle occupe aujourd’hui.

Bénigne Nintunze, directrice communale de l’éducation à Rumonge

Pour elle, ce n’est pas facile de diriger les autres quand on est affamée. C’est pour cela qu’elle a exhorté l’audience à s’entraider dans les coopératives afin d’être libre et autonome. Ensuite, apprendre continuellement afin d’avoir un bagage intellectuel suffisant pour être crédible, une fois élue à un poste de prise de décision. Egalement, elle a appelé l’assemblée à être psychologiquement armée pour savoir garder la dignité de femme, afin de ne pas briser le ménage à cause d’un poste supérieur à celui du mari. « Ça demande beaucoup de courage, mais c’est comme ça qu’on gagne la confiance de nos collègues, et qu’on devient serviteur du peuple », a-t-elle souligné.

Après avoir partagé son témoignage, Mme Nintunze a exhorté ses consœurs à se faire élire aux postes de prise de décision pour prêter main forte aux hommes et assurer la complémentarité, pour un développement inclusif du pays. Les participants ont affirmé leur satisfaction à la fin de la formation et espèrent voir un impact positif au sein de la communauté, étant donné que leurs capacités ont été renforcées. D’ailleurs, parmi elles, certaines dirigent des institutions à prédominance masculine. C’est le cas de Mme Esperance Ntimpirangeza, directrice du lycee Iteba de Rumonge, également directrice du CENAP.

Développement personnel assuré

En commune d’Ijenda, c’est Joselyne Niyonkuru, enseignante, représentante légale de l’association « Dushirehamwe » qui nous accueille. Elle a été choisie par d’autres femmes membres de la plateforme, comme mentor.

Elle a partagé à l’audience aussi son expérience comme femme leader, comment le poids de la culture et du patriarcat au Burundi peuvent être un frein à l’épanouissement de la femme dans sa communauté, et nuire indirectement au développement national. Elle a donné l’exemple des femmes qui peuvent refuser de se présenter comme candidates aux élections, de peur de s’attirer les foudres de l’entourage, et surtout de la famille, malgré les compétences de celles-ci. Elle a également évoqué les travaux ménagers et la maternité qui entravent des fois la participation de la femme à la vie publique.

Claudine Nkurunziza, enseignante et participante dans cette séance

S’appuyant sur sa propre expérience, elle a encouragé les femmes à briser le tabou, à oser participer massivement aux travaux communautaires et aux enseignements publics susceptibles de leur donner accès à l’éligibilité de postuler aux postes de prise de décision. « C’est vous qui changerez les mauvaises interprétations de la société vous concernant, c’est grâce à vos talents, à votre dignité, et à votre sens de responsabilité et d’organisation que vous prouverez au monde que vous êtes capables », a-t-elle conclu.

A la fin de la formation, Claudine Nkurunziza, enseignante et participante a salué cette séance de mentorat : « J’ai du mal à m’organiser afin de libérer du temps pour participer aux travaux de développement personnels et communautaires. Désormais, ce sera différent grâce aux nouvelles connaissances puisées dans cette séance de mentorat. Le témoignage Mme Niyonkuru m’a fortifié. »

Cyriaque Niyusure, conseiller socio-politique de l’administrateur de la commune Ijenda a également salué ces séances. Pour lui, le rôle d’une femme est indispensable dans la vie d’une famille. De la même façon, elle doit apporter sa pierre à l’édifice au développement  de la grande famille nationale : « On se sent complet quand il y a une femme dans un poste de prise de décision, et on souhaiterait bientôt la parité dans ces postes.»

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