- On les appelle les GS (Groupe de solidarité). Ces groupements de jeunes non scolarisés ou déscolarisés (10 à 24 ans) à travers lesquels le programme conjoint intervient sur plus 1 000 collines du Burundi.
- Constitués de 25 à 30 jeunes, ils constituent un des maillons du réseau socio-communautaire autour du centre de santé « Ami des jeunes », une porte d’entrée à une éducation sur la santé sexuelle et reproductive et aux compétences de la vie courante.
- Et l’un des moyens développés pour maintenir actif les GS : glisser dans leurs activités, les opérations d’épargne et de crédit. Reportage à Kabwira.
Centre de santé « Ami des jeunes » de Masabo, 6 novembre 2019. Le GS de la colline Kabwira (commune Bugenyuzi, province Karusi) s’est réuni comme à l’accoutumée. Une fois la semaine, tous les mercredi, l’association Twung’ubumwe de 29 membres (24 filles et 5 garçons) y tient des séances des échanges autour des leçons du manuel « Les compétences à la vie courante ». Ce jour, Emelyne Nshimirimana, présidente de l’association, choisie comme paire éducatrice, épaulée par le titulaire du CDSAJ, anime une séance sur les conséquences des grossesses précoces.
Rappelez-vous bien : dans le premier article, sur le reportage à Minago, nous avons parlé du montage du programme conjoint et de ses résultats dans la province de Rumonge. Ensuite, à Mabanda, nous avons abordé le sujet des abus sexuels à l’école et dans la communauté. Dans ce présent article, nous discutons de l’importance de l’épargne et du crédit dans les GS. « Par exemple, au moment des menstruations, la jeune fille, surtout rurale, n’a pas toujours les moyens pour s’acheter même une serviette hygiénique. Conséquence : des jeunes filles sont poussées dans la prostitution pour subvenir à leurs besoins », rappelle Emelyne, avant de vanter les avantages des opérations financières dans les GS.
2 451 400 Fbu partagés début 2019
L’association à majorité féminine, après les échanges sur la santé sexuelle et reproductive des jeunes et adolescents, place aux affaires. Créé en février 2018, les membres de l’association se sont partagés un montant de plus 2 400 000 Fbu au début de cette année. Les parts des bénéficiaires ont varié de 50 000 Fbu à 160 000 Fbu. « Nous cotisons entre 500 et 2 500 Fbu une fois par semaine. Aussi, nous épargnons mensuellement 100 Fbu pour l’entraide. Ce mercredi, nous avons rassemblé 45 000 Fbu. En tout, les fonds de la caisse se portent à plus de 800 000 Fbu et le montant des crédits accordés à plus de 900 000 Fbu », précise la présidente de l’association Twung’ubumwe.
Valérie, une vie après l’abandon scolaire
« Après avoir échoué en 8eme année, j’ai abandonné l’école. Je n’avais aucun espoir. Mais, le programme Menyumenyeshe m’a beaucoup aidé. Au début de l’année, quand nous avons procédé à la redistribution du montant épargné, j’ai glané 64 000 Fbu. Avec cette somme, j’ai pu m’acheter une chèvre. Actuellement, elle a mis bas. Avec l’année prochaine, j’espère retourner sur le banc de l’école, car je n’ai plus de soucis financiers », atteste la jeune fille de 17 ans.
Dieudonné, un nouvel atelier de menuiserie grâce au GS
Son témoignage : « L’association a été la réponse à mes soucis. D’abord, on m’a accordé un prêt de 100 000 Fbu que j’ai utilisé pour acheter un appareil photographique. Peu après, j’ai commencé à rembourser petit à petit le crédit, jusqu’à l’étancher. Et après le premier partage, j’ai pris l’argent épargné grâce à mes services et celui placée dans le GS, et j’ai lancé une petite affaire de menuiserie. Aujourd’hui, il me manque encore une somme de 130 000 Fbu pour acheter tout le matériel nécessaire dans l’atelier. »
Pour rappel, le programme Menyumenyeshe est appuyé par l’ambassade du Royaume des Pays Bas au Burundi, et est mis en œuvre par Cordaid (8 provinces), Care (8 provinces) et UNFPA (2 provinces), en collaboration avec le Gouvernement et d’autres partenaires locaux.