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Abandon scolaire à Karusi : source d’inquiétudes

Alors que l’année scolaire touche à sa fin, il s’est remarqué en province Karusi, comme antérieurement, plusieurs cas d’abandons dans différents établissements pour plusieurs raisons… Le point.

Jusqu’à la moitié de cette année scolaire, signale Ferdinand Havyarimana, directeur provincial de l’Éducation à Karusi, 6792 enfants ont abandonné l’école : « Nous poursuivons les efforts avec nos partenaires pour réduire ce nombre mais la route reste longue. » Parmi les causes de cet abandon scolaire, il cite le manque de suivi parental.

A l’école Itabu Karusi, 14 élèves ont abandonné l’école pour l’année scolaire 2024-2025, indique Désiré Hakizimana, le directeur : « Certains ont arrêté à cause de maladies, d’autres pour des raisons inconnues, d’autres encore parce qu’ils ont été renvoyés de l’école pour mauvaise conduite, et d’autres en raison de problèmes familiaux. » 

Adolph Niyitegeka, directeur du lycée Buhiga quant à lui, affirme que parmi les 351 élèves qui avaient commencé l’année scolaire, 34 ont abandonné. Selon lui, diverses raisons expliquent ce phénomène : « certains ont abandonné à cause de maladies, d’autres sont partis à l’étranger, et pour certains, les raisons restent inconnues. De notre côté, nous continuons à les encourager à poursuivre leurs études et à éviter les distractions. » 

Pour Sylvane Nizigama, représentante de l’association FENADEB en commune Karusi, au-delà de ces causes connues de tous, il s’est observé une autre tendance inquiétante toute aussi inquiétante : celle des enfants amenés à l’étranger, notamment en Tanzanie.

Le trafic d’enfants comme une des causes…

Selon elle, il s’agit d’un véritable trafic d’enfants : « Des adultes les séduisent en leur promettant du travail. Une fois arrivés là-bas, ces enfants sont maltraités; certains y perdent même la vie et d’autres sont gravement blessés. »

A cet effet, fait-elle savoir, FENADEB, avec l’appui de la Fondation STAMM, s’efforce de les ramener dans leurs familles et de les réintégrer à l’école en leur fournissant tous les besoins essentiels. Cependant, le problème principal réside au niveau des familles elles-mêmes, qui vivent dans une pauvreté extrême : « Il y a aussi des élèves qui abandonnent l’école après avoir été victimes de violences sexuelles. Les plus touchées sont les filles vivant dans les milieux ruraux, souvent trompées par des hommes qui les manipulent puis les poussent à abandonner l’école. »

Et de conclure : « FENADEB continue donc de sensibiliser les enfants à l’importance de rester à l’école, et lance un appel à tous les citoyens de Karusi pour qu’ils s’engagent à éradiquer cette mauvaise pratique d’abandon scolaire. » Pour rappel, l’organisation travaille également avec le parquet de Karusi. Plusieurs auteurs de ces actes ont déjà été arrêtés et emprisonnés.

Un appel aux parents

Contactée, Marie Goreth Benimana, conseillère juridique du gouverneur, reconnait l’existence de ce phénomène et de ce trafic. Pour elle, l’abandon scolaire est aussi causé par les foyers dysfonctionnels, où les enfants sombrent dans le désespoir faute d’encadrement. Et de donner d’autres facteurs qui expliquent ce phénomène comme le manque de nourriture et la précarité de certaines familles.

Concernant le trafic d’enfants vers la Tanzanie, Mme Benimana confirme et parle d’exploitation d’enfants comme travailleurs, avec les salaires versés non aux victimes enfants, mais à ceux qui les ont emmenés : « Quand de tels cas sont découverts, les coupables sont punis sévèrement avec des peines pouvant aller jusqu’à 25 ans de prison. »

Et de lancer un appel aux parents qui ne remplissent pas convenablement leur responsabilité en considérant le départ d’un enfant comme une bouche de moins au lieu de s’en inquiéter, de se ressaisir, d’encadrer lieux leurs enfants en leur inculquant une bonne éducation.

Aux enfants, Marie Goreth Benimana rappelle l’importance de l’école : « Il faut garder à l’esprit que le pays a besoin de vous pour assurer la relève. »

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