Ce samedi, le 09 janvier 2021, dans le couvent des Pères Carmes Déchaux de Gitega a eu lieu le Carmel Youth Festival, organisé dans le cadre du jubilé d’or de la présence de cette congrégation au Burundi. Un festival fait par et pour les jeunes …
Plusieurs jeunes s’étaient donné rendez-vous à Mushasha en commune Gitega et l’excitation se lisait sur leurs visages malgré un matin brumeux d’une journée naissante. Même l’Archevêque de Gitega et le Gouverneur de Province avaient rehaussé de leur présence l’évènement.

Si au Burundi, les festivals d’art et de culture sont souvent associés au monde profane. Cette fois-ci, c’est la congrégation des Pères Déchaux qui va défier la règle dans le cadre de son année jubilaire de 50 ans. Pour ces Pères Carmes, l’organisation de ce festival, c’est avant tout, une volonté de promouvoir la jeunesse, d’appuyer et de suivre des artistes émergents pour les élever au meilleur de leurs capacités. Mais surtout, il se résume à une double finalité de la communauté : « L’apostolat spirituel ou promotion de la dignité de l’homme à partir de l’intériorité habitée (Kami ka muntu n’umutima wiwe) et sa mission d’apostolat envers les jeunes ».
C’est vers 10 h que le bal est lancé sur un mot d’accueil de Mgr Simon Ntamwana, Archevêque de Gitega. Il rappelle l’importance de la place des jeunes au sein de l’église et du monde : « C’est un évènement très grand, très significatif, une joie de voir les jeunes ici rassemblés, vous jeunes qui constituez la pièce maîtresse de l’Eglise, et de qui dépend grandement l’essor du pays, une occasion de joie, d’échange et de partage qui nous renforce dans notre foi pratique et notre vivre-ensemble. »
Un programme éclectique et riche en couleurs
En voici pour une journée très rythmée ː de la présentation d’œuvres interactifs comme le théâtre et la comédie d’un côté, en passant par le chant et le slam de l’autre, sans oublier la danse traditionnelle, c’est surtout la multidisciplinarité des champs d’art qui a fait la singularité de ce festival.

Parmi les artistes invités on notera la présence d’Eden Banga, la jeune chanteuse gagnante de la dernière édition de Isanganiro Awards, Audrey Iteriteka celle qui gagna affectueusement le nom de la Beyoncé du Burundi en 2016 lors de la sortie d’un clip vidéo qui avait fait tabac où elle interprétait à perfection le single « Halo » de Beyonce, le duo Arnold Banyerwha pour le théâtre et Rob Michael Morisho, le slam représenté par celle qu’on ne présente plus Huguette Izobimpa, championne nation de slam poésie en 2017, Audry Carmel et Prince Bertrand.
Mais le Carmel Youth Festival ne s’arrête pas là. Il y a aussi l’exposition des dessins et tableaux de peinture faits sur place avec quelques noms déjà connus dans ce domaine comme Yish Karamu, Simon Carmel Ntwari et Lydia Blanche. Enfin, pour encore plus de divertissement, le public aura aussi droit à de l’humour avec deux one man show signés Bertrand Bareth et Rocher le comédien.
Pour Huguette Izobimpa un des artistes présents, c’est cette multidisciplinarité d’arts qui détonne en premierː « On n’était pas habitués à voir des festivals qui rassemblent des artistes qui viennent des domaines très différents, c’est très unique en effet. »Et d’ajouter : « Cette foire religieuse est en fait un portail donné aux jeunes pour exprimer leurs talents, c’est un soutien énorme, inestimable pour nous jeunes artistes. »

Un festival réussi et une expérience unique
Pour Ilse Irakoze, jeune leader à la tête de l’organisation de ce festival, c’est tout simplement une satisfaction, alors que Père Paul Porwit, curé de la communauté des Carmes apprécie la créativité des jeunes et surtout la variété des numéros présentés ː« Cela témoigne de la richesse et du potentiel des jeunes burundais qui ont les yeux de l’avenir. C’est très important car la jeunesse c’est l’avenir du pays et de l’église. » Même son de cloche pour le Gouverneur de Gitega.
Clôturant l’évènement l’Archevêque de Gitega a saisi l’occasion pour féliciter les Pères Carmes d’avoir organisé un tel évènement qui met en lumière la force de la jeunesseː « C’est pour nous très précieux de voir de telles initiatives dans l’Eglise qui favorisent l’expérience et la maturité des jeunes dans leur foi et leurs vies. Les jeunes sont plus libres que les adultes. Au-delà de 25 ans, nos cœurs ne sont plus facilement modelables à la parole du Seigneur. Par ailleurs, les jeunes constituent plus de 60% des membres de l’église du Burundi. On ne peut pas les laisser de côté. » Et de lancer à la fin du festivalː « j’ai appris », comme pour redemander une autre édition, tout comme le public présent.
