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FemDev, le visage féminin de la transition numérique au Burundi

Java, python, sql, cobol, xml…, vous êtes une femme et ces mots du jargon informatique ne vous évoquent rien. Rassurez-vous, vous ne souffrez de rien. Et ce n’est en aucun cas lié à votre sexe. Kithub, à travers son programme FemDev, ouvre désormais ce domaine considéré longtemps comme la chasse gardée des hommes au public féminin. Découverte avec Jolie Darcène Duhikaze, chargée dudit programme.

« L’informatique c’est pour les matheux, ingénieurs et autres geeks maîtrisant parfaitement les sciences et cela cohabite mal avec la douceur féminine qui a plutôt beaucoup à voir avec d’autres métiers que butiner dans le codage », s’exclame Josy, jeune développeur de Nyakabiga en Mairie de Bujumbura. Loin d’être isolée, la surenchère de tels propos vis-à-vis de la capacité de la femme à faire carrière dans les métiers « techniques » est monnaie courante dans notre société.

Et pourtant, de plus en plus, il est indispensable d’avoir une culture informatique de base dans une société de plus en plus dématérialisée et tournée vers les nouvelles technologies. « FemDev en a saisie toute l’ampleur et est venue comme pour étancher la soif des jeunes aspirantes informaticiennes », assure Jolie Darcène Duhikaze, Directrice du programme FemDev à Kithub qui est un centre professionnel et multisectoriel de soutien à la création de l’expertise chez les jeunes.

Initiée par les femmes du Kithub, le programme FemDev est une initiative dont la priorité est de combattre l’illitéracie numérique chez les femmes.

Pour Jolie Darcène Duhikaze, Directrice, c’est le constat amer d’une présence limitée de femmes dans les facultés de TIC dans les universités burundaises qui les a conduits à initier ce projet : « Rares sont les femmes qui font les TIC. Malgré quelques progrès, ce domaine reste la chasse gardée de la gent masculine. »

Le sursaut

A l’université, se rappelle-t-elle, les filles étaient très découragées.A part qu’elles étaient peu nombreuses, les garçons se mettaient ensemble pour appliquer ce qu’ils avaient appris ensemble : « Ce n’était pas surprenant de les trouver déjà dans le monde professionnel, alors que nous les filles nous étions là à faire face aux réticences de nos familles qui ne donnaient pas chère de nos ambitions et le plus souvent sans même une vision claire de ce que nous ferons après nos études académiques. »

Conséquence ː les femmes sont donc bien moins représentées dans des métiers informatiques : « Il nous fallait donc nous motiver les unes et les autres, briser la peur, surmonter les défis ensemble, créer un espace ou les femmes informaticiennes sont soutenues afin d’accroître le taux des femmes dans le domaine de la digitalisation. »

Comme nous l’apprend toujours Mlle Duhikaze, FemDev organise des descentes dans les écoles pour la sensibilisation des jeunes filles écolières à embrasser cette carrièreː « « Nous avons des coach, mentors, formatrices, et ambassadrices qui sont des femmes qui ont évolué dans le métier informatique pour motiver et montrer la voie aux autres jeunes filles. Nous envisageons aussi de créer des clubs informatiques aux niveau des établissements scolaires. Nous organisons aussi des modules à suivre. Ce programme est accessible à toutes les femmes, expérimentées et débutantes dans le domaine informatique. On adapte les modules selon le niveau en Informatique de chacun. »

Opportunités d’emploi et d’émancipation pour les femmes

A l’ère du numérique, soutient Jolie Darcène Duhikaze le codage appelé programmation informatique est aujourd’hui incontournable car la révolution du numérique est en marche, particulièrement sur le marché de l’emploi : « De nos jours, nous pouvons travailler et communiquer à distance grâce à l’informatique. La recherche d’emploi, les offres de services, les annonces publicitaires, les achats et les réservations se font maintenant par le biais d’ordinateur et de l’informatique ».

La femme, martèle-t-elle, doit donc rester connectée et avoir un accès permanent à l’évolution mondial : « C’est très intéressant de travailler dans le digital. Il y a plein d’opportunités. C’est un vivier d’emploi encore presque vierge au Burundi ».

Par ailleurs, pour Mlle Duhikaze, la transformation digitale est une transformation profonde qui ne se résume pas seulement à l’adoption de nouveaux outils en ligne pour faciliter les processus de production, elle suppose aussi une véritable remise en cause de la société et de la place de la femme.

Une détermination à toute épreuve

Raison de plus, soutient-elle, pour que la femme ne puisse, en aucun cas, rester indifférente devant l’évolution de l’informatique : « Notre ambition est de porter un regard féminin sur la transition numérique, de partager un état d’esprit positif et donner confiance aux femmes en leur capacité d’être actrices de leurs vies à l’ère du digital. FemDev est donc un nouvel espace d’émancipation, un booster d’audace et un formidable cadre pour travailler autrement, avec plus de coopération, d’inventivité. »

Dans cette bataille d’asseoir la culture numérique chez la femme, ça ne peut qu’être évident que des défis ne peuvent manquer. Ce qui par ailleurs ne leur empêche pas pour autant de continuer leur bonhomme de chemin. Duhikaze affirmeː « c’est surtout le manque des moyens suffisants pour effectuer le maximum possible de descentes dans les écoles. Les moyens pour faire le suivi de notre action. Nous manquons aussi le matériel suffisant pour dispenser les modules au plus grand nombre des femmes possibles, mais nous essayons tant bien que mal de composer avec ces défis. » Une détermination à toute épreuve pour asseoir la culture numérique chez la femme burundaise face à laquelle on ne peut qu’être admiratifs.

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