Certains restent silencieux face aux exactions commises par leurs proches contre les membres d’autres groupes. Pire, d’autres font porter le chapeau de leurs propres torts à d’autres personnes. Pour Sylvère Ntakarutimana, directeur de la Radio-télévision Isanganiro, enseignant à l’université et chercheur sur les politiques de paix, cette pratique peut conduire au cycle infernal de vengeance et de violence…
Pourquoi certains restent muets sur les agissements de leurs groupes d’appartenance ?
La plupart de fois on voudrait cacher les agissements du groupe d’appartenance. Et d’ailleurs, c’est une aberration de dire que lorsqu’un groupe d’appartenance commet des crimes. Ce sont les individus du groupe qui commettent des crimes. Ce n’est pas bien de cacher, j’allais dire, les crimes des individus qui appartiennent au même groupe que toi. Parce que cacher ce genre de choses a de grandes conséquences, parce que si on joue au cache-cache, tu me caches aujourd’hui mais plus tard ça revient. La plupart de fois, les gens qui le font, veulent protéger les leurs c’est à dire les gens qui appartiennent au même groupe qu’eux, comme si on voudrait enjoliver ce groupe d’appartenance comme si c’est un groupe sain alors que parmi les individus qui s’y trouvent, il y a des bons mais également des mauvais. Il faut que les mauvais soient connus et qu’on leur donne la place qu’ils méritent dans la société.
Justement, prendre des boucs émissaires à quelles conséquences dans la société en général ?
Bon c’est qu’on ne chasse pas le naturel, il revient au galop. Si on cache des crimes, quelque part c’est que toi-même qui caches tu ne veux pas que ces crimes soient bannis un jour au niveau de la société. Lorsqu’un crime se commet, c’est qu’il y a des victimes. Et ces victimes pourront peut-être un jour prendre leur revanche, ce qui devient une sorte de cycle infernal de la violence, occasionné par le cache-cache ou la dissimulation des faits ou des crimes qui ont été commis par des individus, qui devraient être normalement connus pour être punis.
Que peut faire un témoin actif dans ce contexte ?
Celui qui voit qu’il y a des choses qui sont en train d’être dissimulées, surtout des crimes, il faudrait qu’il ait le courage de dénoncer à temps afin qu’on puisse punir les responsables. Parce que si on ne le fait pas, il y’aura toujours ce cycle-là de vengeances, de violences et on n’aura pas donné, j’allais dire, une chance à la société de pouvoir recouvrer la paix si une fois les crimes sont dissimulés.
