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Le cancer au Burundi : « Le diagnostic et le traitement coûtent les yeux de la tête »

En 2018, la maladie a été la cause de 5% des décès dans le pays, avec près de 9 000 nouveaux cas enregistrés. Des chiffres à donner le tournis, ajoutés à des défis importants encore à relever : coût de diagnostic, de traitement, des infrastructures de soins, pénurie de cancérologues … Jimbere fait le point.

A travers le monde, c’est la deuxième cause de mortalité. En 2018, il a fait 9,6 millions de victimes. 70% des cas étant survenu dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Selon l’OMS, en 2030 les décès atteindront la barre de 13 millions, et la majorité surviendra toujours dans les pays pauvres.

Au Burundi, d’après les chiffres du Globocan2018, les femmes en sont les plus victimes : sur 8 682 nouveaux cas de cancer relevés l’an passé, 4 914 concernent les femmes. Et parmi les types de cancer les plus observés, chez les hommes, vient en pole position le cancer de prostate avec 600 cas, celui d’œsophage 300 fois moins. Chez les femmes, le cancer de l’utérus fait des ravages avec 1 400 cas, et celui du sein 700.

Et la place du gouvernement et des acteurs privés ?

Août de cette année, l’Etat a procédé à l’ouverture d’un centre de dépistage et de diagnostic du cancer, Bujapath. Dr Nsanzerugeze Joselyne, Assistante du Ministre de la Santé Publique, a indiqué la stratégie principale du Gouvernement : « Le Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida à travers le Programme national intégré de Lutte contre les maladies chroniques non transmissibles dans la lutte contre le cancer est de mettre en place un centre national de prise en charge, disponibiliser les médicaments, sensibiliser la population, renforcer les capacités du personnel soignant et équiper les structures de soins en vue d’améliorer les soins.»

Mais le cancer nécessite souvent des traitements plus complexes qui demandent des soins à l’étranger, et sachant les conditions financières des familles burundaises, ne pouvant pas prendre en charge la totalité des soins, certaines assistent impuissamment à la mort des leurs. C’est en voulant pallier à ce défi que Kira Hospital a ouvert avril dernier le premier centre spécialisé en cancérologie au Burundi. Mais force est de constater que l’unique centre ne suffit pas.

Cela va sans dire que les coûts ne sont pas aussi à la portée du Burundais lambda : par exemple pour le cancer de sein, l’examen mammaire coûte 60.000 Fbu et une unité de séance de chimiothérapie coûte 200 000 Fbu alors que ces séances peuvent aller jusqu’à 10 pour un rétablissement total, sans oublier que les services proposés à Kira Hospital n’incluent pas encore des séances de radiothérapie.

L’Etat appelé à multiplier les efforts

Désiré Nzomwita, un patient qui s’est rétabli d’un cancer de la gorge après 7 mois de dure épreuve, et plus de 10 millions Fbu dépensés : « L’heure est à la multiplication des infrastructures et des équipements pour le traitement du cancer à l’échelle national. C’est extrêmement coûteux et désobligeant de devoir se faire soigner à l’étranger quand rien ne garantit même la guérison. L’Etat doit aussi accorder des subventions pour les patients souvent démunis. Même la Mutuelle n’a pas pu me payer un sou pour mes soins, alors que j’ai travaillé pour la Fonction Publique depuis 1980, arguant que mon cancer n’est pas une conséquence de travail ».

Radio-oncologue basé à Bujumbura, le Dr Canesius Uwizeyimana expliquait en mai dernier lors du Global Health Catalyst Summit 2019 plusieurs défis qui se posent dans le traitement du cancer au Burundi, notamment l’absence de données.

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