Ce n’est pas parce que l’on y parle une même langue sur tout le territorial national que le Burundi présente une culture homogène. Pour son deuxième débat universitaire, le think tank Isôko initié par le REJA, questionnait la diversité culturelle burundaise, et les moyens de la préserver.
L’homogénéité linguistique burundaise cache mille et une subtilités culturelles du pays. Pour s’en convaincre, il suffit de visiter le répertoire des danses traditionnelles burundaises. Il y a les pas guerriers des intore du nord dans le Bweru et le Bugesera, l’umuyebe pour la région de l’Imbo et sa voisine du Mirwa, l’ihunja (danse féminine qui fait intervenir le cou) ou encore l’imisambi (danse des femmes imitant les mouvements des grues couronnées dont elle porte le nom). Il y a l’amayaya dans le Kirimiro (danse de la nonchalance), l’umutsibo qui fait intervenir les jambes et le bassin mais sans érotisme dans le Buyogoma, l’urwedengwe du Buyenzi avec sa transe des épaules, sans oublier l’ubusambiri dans le Buragane.Cette diversité s’observe bien sur d’autres plans, linguistique avec des mots et des locutions propres à chaque région, culinaire avec des mets préférés selon que l’on soit natif de l’Imbo, du Kirimiro et sa myriade de vallées, ou du Mugamba tout en altitude.
On l’aura compris, les régions naturelles du Burundi rythment la séquence des nuances culturelles. Qu’il fasse chaud ou froid, que l’on soit proche du lac Tanganyika (abondance des poissons) ou le long de la frontière avec la Tanzanie, le Rwanda ou le Congo, la manière de manger, de parler, d’envisager le monde s’en trouve modifiée.
N’a-t-on pas observé il y a quelques années d’horribles assassinats d’albinos dans les provinces de l’Est du Burundi sous l’influence de croyances obscures nourries par le fétichisme tanzanien ?