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Entrepreneuriat

Chantal Ntima, le poumon de la Maison des Entrepreneurs de l’Adisco

Une femme atypique: sourire toujours aux lèvres, le mot juste et une intelligence émotionnelle rare, Chantal Ntima accompagne au quotidien les jeunes porteurs d’ambitions et d’initiatives afin de les aider à créer des entreprises à valeur ajoutée pour l’économie burundaise.

Née en 1984 dans l’ex-Zaïre, de père burundais et d’une mère congolaise, elle ne foulera le Burundi, terre de son père, pour la première fois qu’en juillet 2010. C’était à la fin de ses études de master en management de qualité à l’université du Maroc. Comme d’autres, elle vient d’opérer un choix dont elle ignore l’opportunité …

Abandonner le Cameroun où elle a grandi et son Congo natal pour venir s’installer au Burundi n’est pas le plus évidents des choix. Si elle doute de l’opportunité de sa décision, sa vision est plutôt claire: être entrepreneure. Car pour elle: «Au Burundi, on a la chance d’être plus utile que dans tout autre pays du monde, l’entrepreneuriat donne cette opportunité que toute autre carrière que l’on peut choisir», confie-t-elle, avec conviction.

Du Cameroun au Burundi

Chantal Ntima croit fermement en la jeunesse, et s’investit pleinement dans la coordination des projets impliquant entrepreneuriat et création d’emplois pour les jeunes. Ingénieure des industries agroalimentaires de formation et licenciée en Chimie appliquée, le tout premier job qu’elle va avoir sera celui de responsable du département de la qualité des produits chez Liquids. Entre temps, elle gagne le tout premier concours des entrepreneurs SHIKA Awards en 2011, avec un projet de culture de champignons qui malheureusement n’a jamais vu le jour: «Si le projet n’a jamais été réalisé, c’est d’une part de la faute de BBIN, avec des problèmes de décaissement des fonds, d’autre part c’est ma faute car j’aurais dû chercher, et j’aurais pu trouver, une autre façon de réaliser mon projet», regrette-t-elle.

Ressusciter la MDE

Février 2012, cap sur Burundi Sanitary Services, avant de démissionner peu de temps après. C’est en août 2013 qu’elle va faire son entrée à l’Appui au Développement intégral et à la Solidarité sur les Collines (Adisco), pour donner sa pierre à l’édifice dans la realisation de la mission que l’ONG s’est donnée comme à savoir la promotion de l’agriculture, avec un projet de labellisation des produits agricoles. Lors de l’année 2015, l’ONG va bénéficier d’un appui pour le financement des projets des jeunes qui aboutira un an plus tard à la reconstitution de la Maison des Entrepreneurs (MDE) qui n’était plus fonctionnelle depuis un bon bout de temps.

Six ans plus tard, la MDE de l’Adisco a bien grandi, avec une offre qui comprend la formation entrepreneuriale, le coaching, le conseil, et le mentorat, la connexion financière et le plaidoyer en faveur de l’appui à l’entrepreneuriat des jeunes. Elle a appuyé en 2021 plus de 24 micro-entreprises, une PME et autour de 100 jeunes en incubation pour la création de leurs propres entreprises.

Et la femme dans tout ça?

Depuis 2013, Chantal Ntima fait partie des mentors de Women in Africa, un réseau africain des femmes entrepreneures dont elle est ambassadeur au Burundi. Elle a déjà mentoré aussi des entrepreneurs dans le cadre du programme d’entrepreneuriat de la Fondation Tony Elumelu. Est-ce vrai que les filles burundaises ne veulent pas entreprendre? «Ooh vous savez quoi, il ne faut pas les blâmer, des fois, je me dis ironiquement que toutes les conditions sont réunies pour qu’elles n’entreprennent pas. Il y a trop d’éloges du mariage, peu d’encouragement de la famille, et le peu qui sont dans le business sont considérées dans la société comme des rebelles.» Est-ce pour cette raison que vous êtes toujours célibataire? Regard vers le plafond… «Disons que je suis sélective.» Message bien reçu …

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