Inciter les filles à avoir une solide formation en mathématiques, en sciences et technologie, c’est le combat de Chantal Katihabwa Ndikumana, une burundo-britannique enseignante des mathématiques en Angleterre. Un engagement en hommage à son père, le chimiste Joseph Katihabwa. Portrait
Née et grandi à Bujumbura, Chantal Katihabwa Ndikumana (34 ans) est la deuxième d’une fratrie de neuf enfants. Elle a fait ses études à l’école primaire Stella Matutina et puis une partie du secondaire à l’école indépendante et l’autre au Lycée Clarté Notre Dame de Vugizo en science B.
Après les études, elle deviendra ingénieur industriel en agriculture à l’ISA avant de se rendre en Angleterre où elle a continué ses cours de sciences de l’éducation. Depuis, elle enseigne les mathématiques en Angleterre, à la Park High School.
Ses rêves d’enfance, confie-t-elle, était d’être un jour professeur, aider les enfants démunis, et avoir plusieurs enfants: « Malheureusement j’ai eu un fils unique. Ma carrière d’enseignant ne m’a pas permis à la fois de travailler et d’avoir plusieurs enfants, surtout en Angleterre. » Heureusement, se réjouit-elle sourire aux lèvres, « grâce au travail avec Burundi Education Foundation, les enfants assistés m’appellent maman et cela me remplit de joie. »
Une femme en science, une bataille ininterrompue
Plus la jeune fille perçoit les sciences sous un angle ludique, surtout les mathématiques, plus elle s’y habitue et cela facilite leur apprentissage. Car, souligne Mme Katihabwa Ndikumana, ce n’est pas évident de trouver des femmes dans les sciences: « Les enfants, spécialement les filles, n’aiment pas beaucoup les sciences, surtout les mathématiques. Il faut les motiver en simplifiant les matières pour qu’elles soient facilement assimilées. C’est un travail qui demande un travail assidu, surtout la préparation. Cela prend du temps, mais avec les années, cela devient un peu plus facile », explique-t-elle d’expérience.
Et de rappeler l’importance des sciences en général et des maths en particulier: « Ce savoir permet le développement. » Car les mathématiques sont à la base des sciences: « Pour développer l’agriculture et l’élevage, il faut la biologie et la chimie ; l’on devient docteur vétérinaire grâce aux sciences. Les sciences sont partout: dans l’informatique, la construction des bâtiments, des ponts, des voitures, des avions ; dans la fabrication des médicaments, etc. »
De multiples actions pour une éducation inclusive
C’est ainsi que Chantal Katihabwa Ndikumana se bat donc pour encourager les filles à s’engager dans les sciences notamment, à travers la « Burundi Education Foundation » enregistrée au Royaume-Uni. Lancée en mémoire de feu Pr Joseph Katihabwa, premier doyen burundais de la faculté des sciences à l’Université du Burundi, cette fondation vise à améliorer la qualité de l’éducation au Burundi: «Nous aidons à créer des centres numériques dans plusieurs provinces, dans des écoles secondaires et au sein des universités. »
Plus concrètement, la fondation intervient financièrement en facilitant les conditions d’étude des étudiants qui se sont distingués, notamment dans les cours de biologie, chimie, physique et mathématiques.
Par ailleurs, la fondation compte créer plusieurs centres numériques où les enfants seront encouragés à améliorer leurs compétences en sciences y compris l’informatique, et les inciter à poursuivre la formation universitaire avec des masters et des doctorats. Des centres qui seront équipés au maximum, avec un accent sur l’aide offerte aux mères des enfants accompagnés pour leur permettre de créer des activités génératrices de revenus afin de les encourager ainsi que leurs enfants à continuer à approfondir l’informatique.