Après l’alerte de la Clinique de l’Œil ce 28 mai 2024 sur des nouveaux cas de cécité suite à la consommation de l’alcool frelaté, son directeur, Dr Lévi Kandeke explique les symptômes et les précautions à prendre…
Selon ce spécialiste en ophtalmologie, la consommation de certaines boissons obtenues par la manipulation des distilleries artisanales peut conduire à des problèmes de vue allant jusqu’à la cécité: « La baisse d’acuité visuelle profonde ou la cécité chez ces jeunes patients est due à une intoxication au méthanol, un alcool très toxique souvent présent dans les alcools frelatés ou produits dans des conditions artisanales non contrôlées. Le méthanol, une fois ingéré, est métabolisé dans le corps en formaldéhyde et en acide formique, des substances extrêmement toxiques qui peuvent causer des lésions graves, notamment au niveau du nerf optique, conduisant à la cécité. »
La Clinique de l’Œil a recensé environ une dizaine de patients souffrant de problèmes de vision liés à la prise d’alcool frelaté pour ce mois de mai: « En discutant avec les collègues ophtalmologistes, chacun a rapporté avoir vu au moins un patient présentant des symptômes similaires. Ce chiffre est très élevé et indique une augmentation significative des cas par rapport aux périodes précédentes », précise le Dr Kandeke.
Un phénomène qui n’est pas nouveau
Les symptômes et les signes de cette l’intoxication au méthanol se présentent sous plusieurs aspects, avec « des symptômes initiaux comme des maux de tête, des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales ou des vertiges. »
L’évolution va vers des manifestations plus graves comme une vision floue, la photophobie, la perte de vision (pouvant évoluer jusqu’à la cécité), la confusion, les convulsions, le coma ainsi que des signes cliniques entre autres l’acidose métabolique, les troubles neurologiques, l’insuffisance rénale et hépatique.
L’intoxication au méthanol n’est pas un phénomène nouveau, comme le signale le Dr Lévi Kandeke: « Il y a environ cinq ou six ans, nous avons également observé une recrudescence de ces cas. À l’époque, une entreprise produisant ce type d’alcool frelaté a été fermée par le gouvernement, ce qui a conduit à une diminution des cas. La situation actuelle semble indiquer une résurgence, probablement due à la production et la consommation de nouveaux produits alcoolisés non-contrôlés. »
A LIRE | La norme autorisée au Burundi de teneur en alcool des boissons est entre 6,5 et 16%
Les personnes les plus touchées sont principalement des jeunes hommes de moins de trente ans. Pour prévenir cette intoxication, le Dr Kandeke explique qu’il est crucial d’éviter la consommation d’alcool fabriqué artisanalement: « Nous recommandons vivement de consommer uniquement des alcools provenant de sources fiables et reconnues, comme ceux produits par des entreprises établies et réglementées qui n’ont jamais été associées à ce type de problème. »
