Les administratifs communaux ne savent plus où donner de la tête, pour régler les cas de concubinage. Et ce, chaque année qui passe. Tantôt, c’est une épouse esseulée qui recherche son mari, tantôt, c’est une maîtresse inconsolable qui réclame une pension alimentaire. La cause? Le riz…
Qu’est-ce qu’il fait chaud à Gihanga! Chemises trempées, nous voilà dans le petit bureau d’Ildephonse Bazirutwabo, le chargé des questions administratives et sociales. Ce dernier sue autant que nous, mais la cause n’est pas les 35˚c à l’ombre. Non. Lui, c’est un enfant du coin, umunya Gihanga w’indani! Il le fait savoir fièrement. S’il a chaud, c’est à cause des jeunes femmes qui l’attendent devant son bureau. « Il n’est que 10h, et déjà 4 plaignantes! »– Elles se plaignent de quoi? « Les hommes, leurs hommes! », souffle, dépité, M. Bazirutwabo.
La chaleur, source du mal. Elle, essence, matière, moteur de l’Homo Bubanzien. Les hommes de Bubanza, dit-on, donc, sont chauds! « Un riziculteur, un vrai, a autant de femmes que les grains de riz récoltés! », lance dans un rire contagieux Nsengiyumva. Et de citer les Supermen: Nkenshimana, 4 femmes, Balthazar, 5, et son fils déjà 3! Le plus sage se contente juste de deux ou trois femmes…comme lui. « Les femmes d’ici ne sont pas compliquées. Avec 15.000Fbu seulement, la femme devient à toi. Tu lui loues une petite bicoque, avec 5.000fbu pour l’aider dans l’installation et l’affaire est dans le sac (de riz)! ».
Après les récoltes, les hommes sont comme possédés, nous dit Boniface Sindayihebura, le secrétaire communal. « Ils ont le temps et l’argent ». Du coup, la plupart installent leurs maîtresses dans d’autres communes de la province pour ne pas éveiller des soupçons, mais souvent les épouses finissent par découvrir le pot aux roses, et…
Bonjour les problèmes
Nyamwitera imanza yabiriye abagore benshi, dit la sagesse burundaise. Qui cherche les problèmes épouse plusieurs femmes, donc. Et c’est par dizaines qu’ils se présentent chez les administratifs. « Nous avons en moyenne cinq cas par jours, d’épouses qui recherchent leurs maris disparus dans la nature avec d’autres femmes », fait savoir le chargé des questions administratives et sociales à Gihanga.
Au centre de développement familial et communautaire, l’assistant social Lasard Ngendandumwe et les animatrices sociales passent leur temps à conseiller et orienter les plaignantes vers les services habilités pour ce genre de cas. » Elles ne savent pas où aller, ni vers qui s’adresser. Nous travaillons ainsi avec la police pour retrouver les maris démissionnaires et les remettre à la justice », fait savoir Prisca Ihabose, animatrice sociale.
Dans d’autres cas, ce sont les concubines ou maîtresses qui viennent se plaindre. « Lorsqu’ils ne restent plus d’argent, les hommes rentrent au bercail, abandonnant des maîtresses souvent enceintes », renseigne Lasard Ngendandumwe. Et malheureusement, n’étant pas mariées, les deuxièmes bureaux voient rarement leurs cas résolu.« Toutefois, lorsqu’il y a un enfant dans l’histoire, nous demandons à l’homme de le reconnaître légalement et de l’assumer financièrement ».
Pour M. Bazirutwabo, chargé des questions administratives et sociales, la pierre est aussi à jeter à ces femmes qui acceptent des relations avec des hommes mariés, se mettant ainsi dans de beaux draps! « Aujourd’hui, nous appelons tous ces couples à venir régulariser leur union. Mais là encore, il faut s’assurer que l’homme ne soit déjà marié quelque part »
Chaleur…