Médiatrice Mukantara, une des participantes à la formation facilitée par Dushirehamwe et CPAJ à Bugabira, s’est focalisée dans un domaine qui lui tient à cœur: la lutte contre le SIDA, la réintégration et la resocialisation des séropositifs.
Médiatrice Mukantara, native de la colline Ruhehe, avec ses 43 ans, est une femme ordinaire, avec plusieurs objectifs en tête. Auparavant, ses ambitions étaient semblables à celles de toutes ces femmes au foyer. Avoir des enfants, les élever et s’occuper de son foyer. Tout se passait bien jusqu’à ce qu’elle découvre en 2007, qu’elle était séropositive. «J’ai découvert la maladie lors d’un test de grossesse de mon 5ème enfant. J’étais bouleversée et déstabilisée. », se souvient – elle avec nostalgie. Ce fût comme un poignard au cœur. Elle sera réconfortée par ces 5 enfants qui sont heureusement en bonne santé, et la seule motivation qui la retenait sur terre était de les voir grandir. «Mon mari, qui n’était même pas mien puisqu’on vivait illégalement, marié avec une autre avant moi, nous a lâchés. De plus, je ne me sentais pas à mesure de repartager le lit conjugal avec lui. J’étais alors obligée d’éduquer seule mes enfants.»
Elle va alors rejoindre l’association RPB+ pour plus de conseils à suivre. De là, elle y trouve du réconfort et décide à son tour d’en donner aux autres. «Les gens ont eu du mal à accepter que je sois séropositive. Ils ne m’avaient jamais vu tomber malade.»
L’engagement pour les autres
Peu à peu ils vont finir par la croire. Puis, Médiatrice développera une stratégie d’approche aux séropositifs de Nyamabuye afin qu’ils cessent de se stigmatiser. «J’allais discrètement discuter avec les femmes d’abord, puis leurs maris. Il fallait que je leur explique l’importance de s’intégrer dans des associations, de ne plus avoir peur de s’afficher.»
Après une dizaine de couples, la mission de Médiatrice finira par s’accomplir. Plus d’une trentaine de couples séropositifs de Nyamabuye se sont réunis en association et ont créé un cadre d’échanges et un groupement d’épargne et de crédit. «Ils n’ont désormais aucune honte d’être séropositifs. Ils sont en bonne santé moralement surtout et c’est ce qui prime», se réjouit-elle.
Actuellement, Médiatrice se focalise sur la jeunesse. Elle sillonne les collines de Bugabira pour sensibiliser la jeunesse aux dangers qui les guettent, suite à la sexualité irresponsable. «Nos jeunes courent un grand risque. Étant proches du Rwanda, ils sont exposés, surtout les jeunes filles, à plusieurs tentations. Elles commencent une vie sexuelle très tôt, et le risque de contamination est élevé.»
Pour elle, l’éducation sexuelle aux enfants devrait être de rigueur avant qu’ils n’aillent découvrir par eux-mêmes.