Sept ans ! L’âge à laquelle Espérance a englouti pour la toute première fois Camudiho, une de ces boissons locales prohibées. Incroyable mais vrai. A Kirundo, elle n’est d’ailleurs pas l’unique mixture interdite. Celle qu’on appelle simplement inzoga, (alcool) par crainte de la vulgarité de sa dénomination souille « la réputation des femmes ».
A Buja la belle, consommer des quantités colossales d’alcool est devenu pour certains ados la norme. La mesure de voir si l’autre est branché. Ce n’est pas Leslie qui dira le contraire. Habituée de house-party, à 17 ans, cette élève descend bonnement des bouteilles de bières et trouve cela fun. Sans parler de ces alertes souvent inaudibles sur les risques de consommation de l’alcool chez la femme enceinte (retard de croissance du fœtus, malformations cérébrales, troubles de comportements, etc).
Sans préjugés, reprenant les regards de la société burundaise avec tout ce qu’elle a de patriarcale, Jimbere est allé à la rencontre de la relation tumultuo-mousseuse entre la femme et l’alcool, pour comprendre comment évolue l’interaction. Au vu de l’importance que revêt la bière dans le quotidien des Burundais, il en va de la perception du rôle de la femme comme agent structurant l’ordre familial et social. Ses aises avec le goulot doivent être comprises comme un marqueur de plus de la « normalisation », voire de la banalisation de sa place dans divers milieux autrefois plutôt « masculins », de la maçonnerie aux joutes politiques en passant par le bistrot. Avec un bémol : la consommation de l’alcool chez la femme n’aurait pas les mêmes effets et conséquences que chez l’homme…
A lire en sifflant… un jus.