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Dans la peau des aides-maçonnes

Jadis monopolisé par les hommes, le secteur de la construction s’est vu envahir par les femmes. Elles se comptent désormais  par centaine sur les grands chantiers…

Elles sont plus de quatre-vingt  sur les cent seize aides-maçons  à manœuvrer  sur le marché de  Kinindo. Ces femmes, des aides-maçonnes, travaillent de concert avec  leur collègues hommes à la réhabilitation de ce marché.

Sur le chantier,  une ambiance animée. Quoi de plus normal : un endroit où se trouve la gente féminine, le rire, les blagues, quelques grivoises,  ne manquent jamais. Ces aides-maçonnes, tous âges confondus, se sont regroupées par dizaine. Au moment où certaines, grâce à un grand tamis trient le sable, d’autres  s’activent à en faire  un mélange avec le ciment. Visiblement, elles maîtrisent ces gestes, posés désormais à longueur de jour.

Pourtant, être une femme maçonne ou aide-maçonne n’est pas le plus confortable des métiers, et surtout pour une femme. À 5h du matin,  Rosette doit descendre des hauteurs de Sororezo pour atteindre Kinindo, son lieu de travail. « Même un retard de cinq minutes peut entraîner l’annulation de toute une journée de travail. 7h je dois déjà y être », chuchote-t-elle.

Maman d’un bébé de deux ans, elle doit laisser son bambin chez sa grande sœur. «Je vois à peine mon enfant.  Trois heures tout au plus». Pourtant, Rosette ne se plaint pas. «Ikiyede» ou le travail d’aide-maçon qu’elle fait depuis ses 15 ans, c’est son gagne- pain. Il lui permet de subvenir  aux besoins de son enfant : «Son père a lâchement tourné le dos à ses obligations», fulmine-t-elle.

Un combat pour rester femme

Concilie, une autre aide-maçonne partage la même galère. « Quatre enfants et un mari qui n’est pas facile à gérer». Ce travail, affirme-t-elle lui permet de payer la dette qu’elle a contracté pour envoyer ses enfants à l’école : «Mes enfants se débrouillent pendant la journée. Ils cherchent par eux-mêmes à manger », lance-t-elle sans gêne.

Raïssa, quant à elle, se souvient de cette malheureuse matinée, où, les menstrues ont débarquées sans prévenir. «Je me suis gardée de m’asseoir durant toute la journée», se rappelle-t-elle dans un éclat de rire. Cette faible résolution ne lui a pas servi à grand-chose. Une collègue attentionné lui soufflera plus tard qu’elle a taché ses habits.

« J’ai dû enrouler autour de ma taille un tricot emprunté pour cacher les dégâts».

En chœur, elles affirment toutes  que ce travail perturbe leur cycle menstruel. «A cause de l’effort fourni, certains d’entre nous ont des retards, ou alors les règles viennent en grande quantité.»

De l’autre côté, les maçons comprennent le choix de leurs sœurs. Ils n’éprouvent  aucun gène de se voir aidés par des femmes. «Les temps sont durs, il n’y a plus de terres arables. C’est normal qu’elles s’essayent à d’autres domaines».

Pierre, un aide-maçon, va à affirmer que certaines aides-maçonnes sont plus courageuses et appliquées  que les hommes.  Malgré cette  compréhension, il affirme qu’il ne pourrait laisser sa sœur s’aventurer sur cette voie. «Parfois, ces filles fricotent avec les maçons et  je ne veux pas d’une dévergondée», tranche-il, arrachant un fou rire aux aides-maçonnes.

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