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Se faire « plumer » par ses pairs au lancement de son album? Le cas Masterland

©Jimbere | Masterland au cours du launch de son nouveau album "Ego" au Lacosta Beach

Alors que dès la conception jusqu’à la production, l’album coûte les yeux de la tête à l’artiste-chanteur, le lancement de celui-ci devrait être la moisson de son labeur acharné. Cependant, la réalité est autre: pour que les pairs s’affichent en soutien lors du launch, il faut piocher de nouveau dans le portefeuille. Le dernier cas en date est le lancement du premier album du chanteur et arrangeur Masterland…

« Ils savent que nous n’avons pas de choix. Sans leur concours, le concert a peu de chance de réussir. Le gros des artistes qui ont presté sur scène, ils ont été payés, et les uns des millions compte tenu de leur notoriété dans l’opinion », révélera Masterland sur les micros des journalistes lors du lancement de son premier album « Ego » (15 chansons) ce dimanche 23 juin au Lacosta Beach. Un concert riche en couleurs avec la participation d’un large éventail de la musique burundaise: les « Underground », ceux qui sont en train de marquer leur empreinte, sans oublier les meneurs de la danse, Sat B, Vichou Love etc, en plus de l’artiste international ougandais Ykee Benda.
La question au bout du compte: si Masterland a dû payer tout ce bon nombre d’artistes, qu’est-ce qui lui est resté des droits d’entrée du soir, si l’on présume que chaque chanson lui a coûté environ un million?

« C’est écœurant, ce manque d’esprit d’entraide dans notre communauté. Le lancement d’un album devrait être une opportunité pour son auteur de se lancer en force, et du coup, réaliser son rêve. Malheureusement, ce sont les autres qui en profitent, et encore plus les aînés dans l’industrie. Nombreuses sont les éclosions qui en sortent dégoûtées et découragées. Alors que le launch était censé les mettre sur les rails de l’assesseur dans l’opinion, au lieu de cela au lendemain de celui-ci, elles se retrouvent endettées », déplore Aubin Lux, un des rappeurs en vogue à Bujumbura.
Pour lui, lors du launch d’un album, surtout pour le premier, la logique des choses serait que les grands noms de l’industrie soutiennent leurs petits frères qui se battent vaillamment pour pouvoir éclore, au lieu qu’ils en profitent pour fructifier leur business.

Divergence

Pour Esther Nish, la collaboratrice de Kidum dans « Umbamwo », elle aussi prestataire dans le launch de Masterland, « à moins que ce ne soit un concert humanitaire, sinon, si un artiste m’invite dans un concert, launch ou pas, il doit me payer et quand ce sera mon tour, je le payerai ».

Quant à celle qui a représenté le Burundi dans le festival SICA en Guinée le mois passé, Bernice The Bell, elle ne le voit pas du même œil: « Si, nous, artistes, ne parvenons pas à comprendre que se serrer les coudes est l’unique moyen de sortir de ce gouffre de la misère dans laquelle la majorité est entassée, nous ne pourrons jamais profiter de notre art. Or, si nous nous mobilisons tous et sans conditions pour chaque lancement d’album d’un des nôtres en donnant le meilleur de nous-mêmes, toute la capitale sera au rendez-vous et nous serons certains qu’au moins un de nous vivra de son art. A tour de rôle, chaque aura son tour ».

Avis qu’elle partage avec Aubin Lux: « En vivant de notre art, nous inspirerons beaucoup de jeunes qui, malgré leur talent, ne voient pas l’intérêt d’une carrière musicale et préfèrent embrasser d’autres domaines moins passionnants. Ce qui constitue une perte de potentiels pour la Buja Fleva. »

Insolite au concert de Masterland, qui avait cassé la baraque pour inviter tout ce monde: la chanteuse Natacha « La Namba »  jettera des billets de 10.000 Fbu dans le public, provoquant une cohue qui a endommagé les caméras des journalistes dépêchés pour la couverture de l’évènement…

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