Dans le souci de faire de légalité de genre et lautonomisation des femmes un facteur clé pour la stabilité et le développement durable du pays, le gouvernement du Burundi a mis en place la Banque dInvestissements et de Développement des Femmes. Opérationnelle depuis mars 2022, la nouvelle banque réussira-t-elle où bon nombre de ses prédécesseurs ont buté ?
Les chiffres parlent d’elles-mêmes. L’accès des femmes aux ressources économiques et productives reste un défi à relever. En effet, seules 33% de femmes épargnent dans les microfinances tandis que leur accès à loctroi des crédits varie entre 27% et 35%. Comme le fait savoir Marie Louise Kamikazi, Secrétaire exécutive du Réseau des Institutions de Microfinance au Burundi (RIM), ces chiffres soulignent la nécessité de débloquer davantage de financement pour libérer le potentiel des femmes entrepreneures.
Pour pallier ce problème, la BIDF dispose des moyens provenant des fonds du gouvernement :85% de son capital provient de la participation des communes du Burundi et 15% viennent directement de létat. Son mode de fonctionnement nest pas si éloigné de celle dune banque commerciale, donc ouverte à tout le monde. Cest-à-dire que les hommes ont eux aussi accès aux crédits lorsqu ils présentent des projets bancables. Néanmoins, ils auront des taux plutôt élevés par rapport à ceux appliqués pour les femmes. Et cela dans lobjectif de combler le déficit susceptible dêtre généré par le financement des projets des femmes entrepreneures. « Les femmes sont éligibles au guichet qui leur est dédié et bénéficient des crédits à des taux compétitifs par rapport à ceux appliqués aux crédits de guichet commercial. », explique Marie Salomé Ndabahariye, lAdministrateur Directeur Général de la nouvelle banque.
LA BIDF, chantre de l‘éducation financière au Burundi
Avant la BIDF, d’autres institutions financières, les microfinances en particulier, ont essayé d’innover pour promouvoir l’entrepreneuriat et l’autonomisation des femmes, mais les résultats sont mitigés. Parmi les nouveautés de cette banque figure léducation financière de la femme burundaise. Celle-ci demeure lun des grands défis rencontrés par les banques devancières de la BIDF sur ce front. « Le niveau bas de connaissances de la clientèle féminine en matière déducation financière est un obstacle majeur à la collaboration entre les Institutions Micro financières et sa clientèle féminine souvent rurale et de faibles revenus. Il y a une partie non négligeable de ces femmes qui ignorent lexistence des Institutions de Microfinance (IMF), donc elles ne savent pas qu’elles peuvent faire recourt aux crédits pour augmenter leur capital ou simplement sécuriser leurs petites ressources par lépargne. », fait observer Mme. Kamikazi. A cela sajoute, le manque de garantie physique (hypothèques) pour que ces femmes parviennent aux crédits des IMF ainsi que labsence de fonds spécifiques des IMF pour financer les activités de ces femmes à faible revenu c’est à dire des crédits aux taux d’intérêts les plus bas.
Pour Dr Salomon Nsabimana, expert en économie, le modèle de la banque ne pose pas de problème. Il assure qu’il est vraiment viable. « Étant financé par le budget du gouvernement, le capital de la banque ne causera aucun problème si le gouvernement continue de soutenir le projet de cette banque. Ce qui suggère que la banque continuera dexister aussi longtemps que le budget de l’état sera toujours voté. », affirme-t -il.
Une nuance tout de même. « Cette source permanente de financement ne garantit pas à elle seule, la viabilité de cette institution financière, il faut quentre autres le mode de gestion managériale (relation entre clients et banques), puisse servir de levier pour les recouvrements et ainsi faire tourner et prospérer la banque. »
Ayant son siège à Gitega, La BIDF ne compte pas en rester là. Pour bien mener sa mission sur l’échelle nationale, elle envisage dimplanter ses agences dans toutes les provinces du Burundi et procèdera à leur digitalisation.
