Derrière des discours mielleux, tendant à vanter d’hypothétiques exploits souvent à l’antipode de la réalité, se cache une volonté de persuasion de nature à galvaniser les masses pour manipuler l’opinion. Conséquence inéluctable : des dissensions…
Ce n’est pas toujours évident que les performances d’une entité soient toujours le résultat des prouesses du leader. C’est du moins le point de vue de certains habitants de la colline Rugajo, en commune Mugina, de la province Cibitoke. Dans cette localité, témoignent-ils, certains leaders des groupes se targuent à titre personnel des réussites que connaissent la communauté dont ils sont/étaient responsables. D.F*, un cinquantenaire dénonce l’attitude des politiciens s’attribuant toute la gloire du progrès : « Avec l’intention de persuader pour son (ré) élection, ils usent un langage prétentieux, visant à montrer que n’eut été leur engagement, aucune avancée ne serait produite« , glisse-t-il.
La même réalité est remarquable au niveau des collectivités, indique Julienne Ndayihaya, administratrice de la commune Mugina. D’après elle, certains responsables s’approprient indûment le mérite alors que celui-ci est l’œuvre de tous les membres ou de ses prédécesseurs : « Certains dirigeants des coopératives ou des associations ont une tendance à convaincre que leur règne vaut plus que tout autre, se basant sur la situation qui prévaut, alors qu’ils n’y sont pour rien responsables.«
Un leadership défaillant
Toujours selon cet administratif, l’attitude à mettre ostensiblement le succès d’un groupe à son actif traduit une faiblesse du leader : « Puisqu’on n’est pas capable de proposer de nouvelles perspectives ou d’améliorer la situation, on se contente souvent à s’auto glorifier », relève-t-elle.
Un expert en leadership qui a requis l’anonymat trouve pourtant que cette disposition prouve que bien qu’ »il apparaisse extrêmement confiant, un tel leader n’a pas confiance en lui-même. Par conséquent, il ne hiérarchise les choses et les actes qu’en critiquant les autres, en minimisant leurs compétences, et en faussant la réalité.«
Une mégalomanie manifeste
Cependant, des troubles psychiatriques subies au cours d’une période de la vie peuvent occasionner un délire de grandeur tendant à se faire prévaloir et à rejeter subjectivement l’apport des autres, analyse le psychologue Alexis Hatungimana. « Si un leader veut toujours s’adjuger à tort ou à travers la gloire de toute l’équipe, on peut déceler dans ce comportement un besoin non accompli pendant son existence.«
Par-dessus le marché, des conséquences peuvent être désastreuses, lorsque les membres d’un groupe perçoivent différemment l’autoglorification de leur leader. Pour ce psy, le résultat ne sera autre que des dissensions pouvant même déboucher sur des violences verbales ou physiques, d’où « il est nécessaire que les leaders tiennent des discours qui reflètent la réalité, et qui répond aux préoccupations de chacun. »
