Naturalisé espagnol vers la fin 2022, Thierry Ndikumwenayo, le recordman national du Burundi sur 3000 et 5000 mètres a opté pour représenter le pays de Cervantès dans les compétitions internationales à partir de 2023. Un choix pragmatique pour l’athlète, une perte pour le Burundi.
Le manque de soutien de la Fédération d’Athlétisme du Burundi (FAB) et du ministère du sport serait sans doute derrière sa décision. Thierry Ndikumwenayo, le néo-espagnol, affirme qu’il a passé presque 3 ans sans compétition et que personne n’est venu s’enquérir de sa situation. « Ma décision est purement sportive. Je n’ai consulté personne car quand je traversais des périodes difficiles, personne n’est venu à ma rescousse », lâche-t-il, non sans regret. Du point de vue de la loi, son choix est tout à fait légal. L’article 41 de la charte Olympique lui autorise d’agir ainsi.
Face à cette situation, quoique déçue, la fédération se montre compréhensive. « C’est vrai que Ndikumwenayo ne nous a pas averti plus tôt sur le changement de sa nationalité sportive, mais c’est un athlète majeur. Il peut faire ce qui lui semble meilleur pour sa carrière et sa vie. On ne peut pas empêcher un athlète de courir pour une autre nation si les règles le lui permettent », a fait savoir un haut cadre de l’instance faîtière de l’athlétisme du Burundi. Selon toujours lui, la fédération essaie de faire de son mieux pour aider les athlètes« C’est grâce à la FAB qui a mis en place une méthode de détection de talents dès leur plus jeune âge et aux efforts incessants des entraineurs qui les ont encadrés , aux ministères qui payaient leurs billets pour participer dans les différentes compétitions régionales, continentales et intercontinentale ,qu’ils sont là ou ils en sont aujourd’hui »,réfutant ainsi les accusations sur le manque de soutien des athlètes.
Une pépite qui s’en va
A 25 ans, Thierry Ndikumwenayo était un véritable joyau pour l’avenir de l’athlétisme au Burundi. C’est aux Jeux Olympiques de la Jeunesse de Nanjing de 2014 qu’il s’est fait remarquer. Il a remporté une médaille d’argent sur 3000 mètres. Avec cet exploit, il sera invité à s’entraîner en Espagne dans le cadre d’un projet offrant les opportunités aux coureurs burundais et soudanais. La même année, Playas de Castellon, club d’athlétisme de la province de Valence jettera son dévolu sur cette pépite burundaise. En 2 ans seulement, de 2017 à 2019, il a passé de la 95ème place mondiale pour se retrouver à la 9ème dans l’épreuve de Cross-Country.
2022, Année des records
Au mois de mai 2022, il réalise la meilleure performance mondiale de 13 minutes 6 secondes et 58 centièmes sur une épreuve de 5000 mètres dans le meeting de Desafo Nerja en Espagne (un record battu en septembre 2022).Ensuite, il va éclabousser de son talent les pistes de Rome en Diamond League en améliorant le record national sur 5000 mètres. Pour rappel, il était détenu par Venuste Niyongabo, l’unique médaillé d’or olympique du Burundi. L’ancien étant vieux de 29 ans.
Après Rome, il ira illuminer la Principauté de Monaco, le 10 août dans la même compétition, en terminant premier de la course. Sur ce coup, il a réussi à établir un record national de 3000 mètres avec un chrono de 7 minutes 25 secondes et 93 centièmes. Depuis 1997, il était détenu par Venuste Niyongabo. N’eût été la grave blessure qu’il a contractée au mois de juillet, il aurait pu peut-être glaner une médaille dans le championnat du monde d’athlétisme. Avec sa naturalisation, le Burundi vient de perdre un digne successeur de Venuste Niyongabo.
