Le slam est plus qu’une déclamation, c’est une éducation sociale. C’est ce que slamait Serges le Griot, vice-coordinateur du collectif Jewe Slam, chargé des partenaires et des artistes au sein du festival de slam « Vuga », ce jeudi 4 juillet à la 2ème avenue dans la zone Kanyosha.
Voici les mots qu’on pouvait entendre hier soir dans une des rues de Kanyosha: « Il incombe à nous d’aller les chercher dans leurs quartiers notamment pour leur parler de cette lueur d’espoir, cette raison de toujours se relever et se battre pour un monde meilleur, et pourquoi pas idéal ? » Il ne s’agit pas d’un nouveau prédicateur, mais de slam.
La beauté des mots a touché plus d’un hier, et la sensation de vivre un moment unique se ressentira jusque chez ce boutiquier, juste à côté de la scène: « Avec ces gars, on n’a pas besoin de comprendre ce qu’ils disent. On a juste besoin de ressentir ce pourquoi ils portent ce souffle. Je ne comprends pas leurs mots, mais leur sincérité m’émeut. »
Pari réussi donc pour cette première sortie vers le public organisée dans le cadre du festival « Vuga », avec des enfants, des jeunes, hommes et femmes de divers horizons venus voir les slameurs à Kanyosha: « Ils ont débarqué, branché leurs haut-parleurs et commencé à crier, sans nous expliquer de quoi il s’agissait. Nous sommes restés. Demandez moi ce que c’est ce concert [Vuga Slam Festival, Ndlr], je ne saurais répondre mais je ne nierais pas qu’ils m’ont ébloui par leur prestation » dira Ndugu Boris, un rappeur amateur habitant la même avenue.
Et Boris n’aura pas été le seul à être satisfait. Libéraux, révolutionnaires dans l’âme, les amis du panafricanismes, tout le monde aura trouvé son gladiateur dans cette arène de convictions: « Nos textes sont loin d’être de simples déclamations. Ce sont nos convictions, qui résonnent avec les aspirations au quotidien de notre public. C’est fort compréhensible que notre public nous accueille chaleureusement » expliquera Serges le Griot.
???? Gros plan sur le kirundi, principale langue parlée au #Burundi: "Malheureusement, il reste encore pensé par plusieurs comme une langue folklorique", note Dr Ferdinand Mberamihigo, linguiste à l'@UB_Rumuri https://t.co/iifJXS4Sky#JourneeDeLaLangueMaternelle #worldlanguageday pic.twitter.com/OfOXxCRk8g
— Jimbere (@JimbereMag) February 21, 2019
Coup d’essai réussi
« Honnêtement, nous avons réussi! Si nous avons pu retenir le public pendant deux heures, et qu’il ne nous aura pas jeté des pierres sur scène, c’est une victoire. Le slam, c’est aussi cette faculté de pouvoir transférer ce que l’on ressent au public. Il est aussi question de sensations » se félicitera Prince Charmant Iradukunda, président du Festival Vuga.
Et à la slameuse malgache Cayla d’applaudir le public burundais, « le plus accueillant en comparaison de toutes les scènes-slam que j’ai eu l’opportunité de jouer à travers le monde, et ce alors que je déclamais dans une langue, le malgache, qu’il ne comprend même pas. »
Toutefois, la première édition du street slam, comporte certaines lacunes qui méritent d’être corrigées: « Quand ils nous reviendront, il faudra qu’ils déclament dans une langue que nous pouvons comprendre » fera remarquer Ahishakiye Wellace, habitant de Kanyosha.
Et Cayla de lui donner raison par son expérience: « Chez nous nous déclamons dans la langue que tout le monde peut comprendre, de telle sorte que nos textes résonnent avec la vie du peuple. »
Le chargé des artistes dans le collectif Jewe Slam ne nie pas le défi: « Nous étions habitués à déclamer en français. Nous promettons mieux pour la prochaine édition », assurera-t-il.
