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Vuga Festival II: quand le slam se marie à la scénographie

Lancée depuis le 26 avril, la 2ème édition du festival associe bien le slam et les arts de la scène. Du 3 au 6 mai, à Buja Sans Tabou, les artistes slameurs, danseurs et acteurs ont suivi un atelier de scénographie dirigé par l’artiste-slameur « One Key ». Ce qui est sûr, la restitution de ce vendredi 7 mai a prouvé bien que le slam rime bien avec les autres arts …

Le festival Vuga a fait son apparition sur le sol burundais au mois de juillet 2019. Pour cette édition, pendant 6 jours, les slameurs burundais et internationaux ont animé des soirées et des ateliers à Bujumbura, avec comme thème : « L’art au service du peuple ». Cette année, le festival biennal va se dérouler du 5 au 11 juillet, à Bujumbura et à Gitega. Bref, il s’étend sur une période de 3 mois et est composé des ateliers, de 4 résidences artistiques, de 3 scènes itinérantes et 7 soirées. Et comme indiqué plus-haut, l’une des particularités de cette 2ème édition, est la rencontre du slam et les autres arts de la scène tel que le théâtre, la musique et la danse.

Pourquoi alors la scénographie ?

Le slam est avant tout un texte poétique déclamé sans ou avec un tapis instrumentale. Le slameur doit, par sa performance, capter l’attention du public. Il doit le faire de façon à ne pas agresser l’oreille des spectateurs tout en s’imposant dans une ambiance scénique. Qui dit scène, dit toujours la mise en scène et la scénographie. Et sans cette dernière, le slam, beau qu’il soit, perd sa qualité.

Le public lors de la restitution de l’atelier sur la scénographie

La scénographie se présente alors comme l’art métaphorique, de la fiction, des jeux de lumière, des volumes, des objets, des couleurs, des textures, … Bref tout ce qui compose le paysage d’une scène artistique. C’est dans l’optique d’ajouter une touche plus artistique au festival Vuga que l’artiste rwandais poète-slameur, musicien, blogueur et performeur « One Key » a tenu une formation en scénographie, du 3 au 6 mai, au siège de Buja Sans Tabou. En guise d’évaluation, l’atelier a été clôturé par une restitution des slameurs, acteurs et danseurs qui y ont pris part.

Le slam et les lumières, une mayonnaise réussie

Vendredi 7 mai, 18h 30 minutes. Dans la véranda de Buja Sans Tabou, la nuit a pris place et la scène est déjà prête. Place aux deux artistes slameurs qui font une entrée, les corps collés, dos à dos. « Etre un artiste, c’est prendre de risques, savoir jouer tous les rôles. Etre dans la peau d’une autre personne et avoir à cœur toutes les paroles », lance Fleurette Dukenguruke, à peine identifiable sous ses locks. Habillés en noir, les deux artistes tentent de se libérer … mais en vain. Leur texte libère, inspire un sentiment de révolte, la soif de la liberté d’expression et l’estime de tout artiste. Durant 30 minutes, les performances se poursuivent tantôt colériques, révoltantes, ou terrifiante,  sous les lumières chaudes ou froides. Le slameur n’est plus simplement en voix off. Il est sur scène et personnifie ses mots. Il renaît !

D’un air surpris, le public va applaudir à chaque prestation. Attentif, il essaie de déchiffrer le message derrière les gestes, mais aussi comprendre le lien avec les  textes. Au total, 3 tableaux composent la restitution. Le public n’oubliera pas la danse du chorégraphe-slameur « Marc Le Grand », représentant le diable dans sa bataille avec « Tanguy Star » dans la peau d’un sorcier. Il y en a plein à écrire sur cette soirée, car chaque détail renvoyait à une réalité.

Les slameurs hissent leur voile plus haut!

Les slameurs se sont surpassés. «Tout ce qu’on a fait aujourd’hui, on l’avait jamais préparé en amont. J’admire le courage et le soif d’apprendre de ces slameurs. Ils ont appris beaucoup en si peu de temps et voilà qu’ils viennent de m’étonner en donnant un spectacle impec » très ému, glissera le formateur « One Key ».

« Je me souviens qu’à un moment j’ai failli pleurer pendant les répétitions. On criait fort et … je me suis dit : « Eeh, Huguette c’est juste une répétition, calme-toi, ne pleure pas ! » » A-t-elle témoigné la slameuse Huguette Izobimpa. Tous les participants ont avoué que cette formation a été un challenge et une occasion de quitter leur zone de confort.

Après cette restitution, la soirée s’est poursuivie par d’autres textes des slameurs du collectif Jewe slam dans un style habituel. Et pour clore, l’humoriste Michael Senganzi a ajouté du sel dans la sauce de telle manière que la soirée s’est terminée dans une rigolade interminable !

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