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Véronique Kabongo, la discrète accompagnatrice de la reprise

©Jimbere| Véronique Kabongo, lors du Forum National de Développement du Burundi, au cours duquel elle a proposé "l’inscription du lac Tanganyika dans le patrimoine mondial de l’UNESCO pour promouvoir davantage le tourisme et profiter des programmes de protection de cet écosystème""

Quand elle arrive au Burundi à la fin de l’été 2019 comme nouvelle Représentante résidente de la Banque Mondiale, rien ne distingue a priori cette Belgo-congolaise de 50 ans, mariée et mère de quatre enfants, des autres hauts fonctionnaires des organismes internationaux en poste à Bujumbura. Pourtant…

C’est vrai qu’elle sourit souvent, et qu’elle écoute beaucoup. A l’époque, la normalisation des relations entre le Gouvernement et ses partenaires n’est pas encore à l’ordre du jour, même si la Banque Mondiale a continué à jouir de bonnes relations avec Gitega au lendemain de la crise de 2015.

A l’issue des rencontres avec les décideurs politiques et des travaux d’analyse du contexte burundais, Véronique Kabongo entreprend d’orienter le gros de l’aide au Burundi vers les communautés rurales à travers une série de projets totalisant un peu plus de 500 millions USD, amenant le portefeuille a un total de près d’un milliard de dollars américains en dons pour le Burundi en 2021. C’est notamment :

100 millions USD pour « Nyakiriza », un projet qui vise à fournir de l’énergie solaire aux communautés rurales, multipliant pratiquement par deux le taux d’accès à l’électricité en améliorant l’accès des familles rurales, des entreprises locales, des écoles et des dispensaires dans certaines des régions les plus démunies du Burundi ;

60 millions USD pour « Turi Kumwe », projet de développement communautaire intégré qui vise l’amélioration de la nutrition, l’accès aux services de base et aux débouchés économiques au profit des personnes vulnérables dans les territoires les plus pauvres du pays ;

©RTNB | La Représentante de la Banque Mondiale au Burundi, Véronique Kabongo, en visite dans la province de Cibitoke dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Nkuriza » financé par la Banque Mondiale: « Il faut avoir une conversation plus ouverte sur les questions de planning familial au Burundi. Le Plan National de Développement prévoit 3 enfants par ménage. Or aujourd’hui, il y a 5.5 enfants par ménage au Burundi »

80 millions USD pour « Burundi Skills for Jobs », projet pour améliorer l’accès à la formation et l’adéquation au marché du travail des programmes de développement des compétences et des opportunités entrepreneuriales. Il s’adresse aux femmes et aux jeunes, y compris les réfugiés, et appuiera notamment la rénovation du Campus Kiriri (Université du Burundi) ainsi que le Centre Régional de Formation Technique, Professionnelle et de Perfectionnement en province Karusi;

150 millions USD pour continuer à appuyer le secteur de la protection sociale au Burundi à travers le projet « Cash for Jobs »: 56.090 ménages comportant au moins un enfant de moins de 12 ans, vulnérables et répartis dans 16 communes (provinces Ruyigi, Karusi, Gitega et Kirundo) reçoivent chacun 40.000 Fbu tous les 2 mois durant 30 mois, les transferts se faisant par paiement mobile ;

54,6 millions USD additionnels pour continuer à financer le projet « Kira » qui accroît l’utilisation des services de qualité en matière de santé de la reproduction, de la mère, néonatale, de l’enfant et de l’adolescent. Le projet initial a permis de faire passer le nombre moyen de consultations curatives des enfants de moins de 5 ans dans les formations sanitaires de 1,6 par habitant en 2010 à 2,5 en 2020, la proportion d’accouchements assistés par e personnel de santé qualifié passant de 60% en 2010 à 85% en 2017;

60 millions USD comme financement additionnel permettant au Gouvernement de prévenir, détecter et répondre à la menace posée par la COVID-19 en renforçant notamment le système national de santé publique au Burundi. Grâce à ce soutien, plus de 1,3 million de personnes ont été testées dans le pays (plus de 10 % de la population nationale), alors que plus de 36.000 cas positifs ont été soignés selon le protocole national de prise en charge de la COVID19. Ce projet finance également la disponibilité et le déploiement de 2,4 millions de vaccins J&J.

A LIRE ▶️ Les services du FMI achèvent leur mission de consultation de 2022 au Burundi: « L’économie burundaise a enregistré une reprise économique en 2021, qui devrait se solidifier en 2022, nonobstant les effets de la guerre en Ukraine. Dans le moyen terme, le Burundi continuera à faire face au défi de financer les dépenses prioritaires de protection sociale, de développement et de lutte contre la COVID-19, tout en veillant à la viabilité extérieure et celle de la dette. »

Engager les publics

Pour rester près du pouls de l’opinion générale sur des sujets variés, parfois un peu provocateurs, liés au développement du Burundi et au travail de la Banque Mondiale, elle lance également en 2021 « le Vendredi Votant », rendez-vous hebdomadaire destiné à la twittosphère burundaise sous forme de clin d’œil au fameux Lundi Méchant qu’offre le mythique 5/5 à Bwiza et immortalisé par Gaël Faye.

L’idée est que «si le lundi on peut faire la fête, le vendredi on pourrait avoir une bonne discussion…» Pour Véronique Kabongo, «cette initiative personnelle a démontré à quel point les Burundais sont intéressés par le développement économique de leur pays

Particulièrement marquée de la tenue du premier Forum de Développement du Burundi (novembre 2021) ayant permis d’engager les experts burundais sur des propositions concrètes pour booster l’économie du pays, suivi de la mini-table ronde des partenaires techniques et financiers dont les agences des Nations Unies œuvrant au Burundi et le corps diplomatique et consulaire (décembre 2021), Mme Kabongo témoigne : «Ces deux événements, historiques, marquent un tournant décisif pour le développement économique du pays et démontrent une volonté et un leadership importants. En appliquant une transparence totale sur les défis et les opportunités, le Président de la République a donné un signal très fort à ses citoyens, à son gouvernement et à toute la communauté internationale sur sa volonté de reformer et de se concentrer sur le développement économique et social du Burundi. Le niveau d’engagement des Burundais, la transparence et la franchise des présentations et des discussions ont été sans communes mesures. Le fait d’en avoir fait des événements publics, transmis en direct à la télévision et sur les réseaux sociaux tenait tout simplement du génie. C’est rare dans nos métiers de pouvoir témoigner d’un tel leadership de la part d’un Chef d’État, qui est resté aussi attentif, ouvert et constructif pendant ces rencontres.»

Tout au long de 2021, Véronique Kabongo aura également été fidèle à un autre engagement, le soutien à l’autonomisation économique de la femme et montré son soutien appuyé notamment à la championne Francine Niyonsaba ou à la Miss Burundi 2021, Livia Iteka.

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