Au début de chaque année académique, des lauréats de l’Exetat se heurtent au problème de répartition dans les différentes facultés des universités publiques. Comme tout le monde ne pouvant pas avoir la faculté souhaitée, il y a ceux qui se retrouvent dans des filières qui n’ont rien à voir avec la formation suivie au secondaire, et cela se répercute sur leur futur professionnel …
« J’ai fait l’école technique. Paradoxalement, j’ai été orienté dans le Département de Géographie. Je ne vois pas comment je pourrais réaliser mon projet de créer un garage, mon rêve de toujours. » Médard Jospin Ntahiraja, étudiant à l’UB. La lamentation de la part des nouveaux étudiants des universités publiques revient à chaque année.
Ce qui est inquiétant, apparemment, il n’y a aucune solution au problème. A long terme, la question qui se pose : que vont devenir académiquement, et professionnellement, ces candidats qui fréquentent des facultés qui ne collent pas avec leurs formations de départ ?
Explications de la Commission d’orientation
Pr Paul Hakizimana, Directeur des Services académiques et président de la Commission d’orientation des lauréats de l’Exetat (2019) à l’UB : « A notre niveau, nous essayons d’être le plus juste possible. Lors des sessions de répartition des étudiants dans les différentes facultés ou instituts, nous nous heurtons à deux défis majeurs : certaines sections du secondaire n’ont pas de filières correspondantes dans les universités publiques, ou encore, certaines filières sont excessivement convoitées par les candidats. Au final, nous nous retrouvons incapables de satisfaire tout le monde au risque de voir certaines facultés disparaître. Pour être impartial, nous avons trois critères. D’abord, nous considérons les sections prioritaires suivant la faculté, ensuite la capacité d’accueil de chaque faculté, puis nous les répartissons suivant l’ordre de mérite. »
Les universités privées, la bonne solution ?
Vu que les universités publiques ne peuvent pas accueillir à elles seules tous les homologués, le professeur croit que la solution devrait provenir des universités privées. D’après lui, il suffirait seulement qu’elles s’inspirent des sections de formation du secondaire lors de la création des facultés. « Il y a même des sections du secondaire qui n’ont aucune faculté correspondante dans les universités privées, notamment les sections mécaniques, agronomie, … S’ils ne sont pas retenus à l’université du Burundi ou à l’ENS, ils sont contraints d’écourter leurs études. En créant les facultés en fonction des sections du secondaire, les universités accroitraient les étudiants. »
Le privé vers un changement de mentalité …
Les universités privées n’ont pas attendu de se faire prier pour s’y mettre. Elles y travaillent déjà, notamment pour permettre l’adéquation entre l’offre de la formation et la demande sur le marché du travail. Rencontre avec Dr Yves Ndayikunda, Recteur de l’Université Lumière de Bujumbura : « Nous sommes en train d’apporter une solution à cette question bien que nous n’ayons pas encore atteint le top. Par exemple, vu que plusieurs écoles privées disposent des sections d’entrepreneuriat, une faculté d’entrepreneuriat a vu le jour en juin de cette année. Avec la prochaine année académique, il y aura la faculté d’agronomie pour accueillir les lauréats de l’ITAB. L’Institut de transformation alimentaire suivra après. En outre, nous créons des facultés transversales comme le génie civil qui peut accueillir les lauréats de l’ETP et l’ETS. »
Cela étant dit, les victimes de cette situation croient tout de même que la responsabilité première incombe aux pouvoirs publics. « Tout le monde n’est pas capable de se payer une université privée. Les services publics devraient accroître et diversifier la capacité d’accueil des facultés des universités publiques pour permettre l’inclusivité. »