Encore freiné par un mal de naissance, Jules, un handicapé de naissance, reçoit une lettre de Mike, son ami d’enfance, également handicapé dans laquelle il l’exhorte à vaincre ses peurs. Plongée.
Cher Jules, mon très cher ami.
Je te salue avec toutes mon affection. J’ai reçu ta lettre, et j’espère que tu vas bien. De mon côté, la vie est belle. Je ne me plains pas. On devrait se revoir bientôt. Tes idées, tes rêves, et ta compagnie me manquent beaucoup. Dans ta lettre, j’ai ressenti des désolations, une grande amertume, de voir que tu n’arrives pas à avancer à cause de la discrimination, liée à ton handicap physique.
C’est vrai, on se heurte à ce regard dur de la société, qui nous pousse à nous renfermer sur nous. On se prend beaucoup de remarques, surtout pendant la scolarité car évidemment les gens sont vite jugés sur leur physique d’autant plus qu’il occupe une place importante. Mon handicap m’a souvent freiné dans la vie. Ce regard n’a pas changé et je ne pense pas qu’il changera un jour. Cependant, J’ai pu m’imposer grâce au soutien de ma famille et de mes amis.
A part ça, regarde autour de toi. On voit beaucoup plus d’handicapés qui réussissent dans leur vie. On s’émerveille des sportifs, des professeurs, et plein d’autres personnes. S’ils avaient baissé les bras comme toi, où seraient ils maintenant ? Notre handicap ne réside pas dans le physique mais dans l’importance que nous accordons au regard des autres. Si tu arrives à surpasser ça, tout ira bien.
Cher Jules,
Dans le domaine du travail, personne ne te fera de cadeau, encore moins nous les handicapés. Quand on va déposer nos CV dans certains entreprises, nos candidatures sont souvent recalées, ou si on parvient à être engagé, certaines responsabilités nous sont retirées et données aux autres. Ils nous pensent incapables de faire des exploits, ils nous jugent trop vite, sans nous connaître. A nous de nous démarquer, de montrer que nous pouvons même les surpasser, et qu’on doit être traité comme tout le monde.
Sur ce, tous ces maux ne devraient pas te décourager cher ami. Je suis le témoin qu’il te faut. Comme tu le sais, j’ai réussi à aller au-delà de tous ces jugements, toutes ces discriminations, et j’ai même surpassé mes collègues, qui croyaient que je n’y arriverai pas.
Et puis, toutes les personnes n’ont pas cet esprit de discrimination. Il y’en a qui ont du coeur. Mais également, il y a aussi des lois statuant en notre faveur. Je pense que ça favorisera le changement dans le monde du travail.
Bref, ce n’est pas parce que tu es handicapé que tu ne dois pas te considérer comme normal. Tu as les mêmes droits que tout autre enfant, et tu as aussi tes talents à toi, que les autres n’ont probablement pas. Je ne te conseillerai pas alors de t’auto stigmatiser, mais plutôt de t’approcher des autres, de leur montrer ta forte personnalité, de te démarquer pour que tu puisses aller au-delà de ces mauvaises pensées qui te bloquent tant, te poussant à ne pas t’exprimer ou t’amuser avec les autres.
Car après tout, si toi tu te stigmatises, tu pousses les autres aussi à te discriminer, alors qu’au cas contraire tu contribuerais au changement des mentalités par rapport aux personnes en situation d’handicap.
A la prochaine cher Jules, tout en espérant que mes conseils t’aideront à aller au-delà de tout ça, et à vivre pleinement ta vie car tu es encore jeune. Tu as encore tant à découvrir, tant d’expériences à vivre, donc je compte sur toi.
Ton ami Mike
Un article rédigé par Jessica Tuyisenge dans le cadre du stage au sein du Magazine Jimbere comme un ancien du programme « Enfants journalistes » de l’UNICEF Burundi.